Ce lundi 3 avril, le parquet a requis, devant le tribunal correctionnel de Charleroi, une peine de prison à l’encontre 3 hommes. Ces 3 prévenus, absents à l’audience, avaient été filmés en train de faire des saluts hitlériens lors de funérailles en 2018. La Ville avait porté plainte, l’affaire lui tient à cœur en tant que Ville antifasciste.
Le ministère public a requis des peines de prison contre 3 prévenus : 8 mois de prison et 800 euros d’amende à l’encontre des 2 prévenus qui ont déjà été condamnés par le passé, et 6 mois de prison et une amende de 600 euros pour le troisième dont le casier était vierge.
Les 3 hommes sont poursuivis pour approbation d'un génocide et pour incitation à la haine raciale. Les faits remontent à 2018, des vidéos tournées dans un cimetière communal de Charleroi et au crématorium circulent : on y voit une haie de saluts hitlériens pendant des funérailles. Le défunt était un sympathisant de l’extrême droite.
« Forcément, cette scène est abominable et elle est filmée et diffusée sur les réseaux sociaux. Quand on connaît les atrocités du régime nazi, c’était un choc pour tout le monde », rappelle Jean-Noël Gillard, chef de groupe DéFI à Charleroi.
La Ville agit
En novembre 2018, la Ville dépose une plainte auprès du parquet, mais rien ne bouge.
« Mais 3 ans plus tard, en novembre 2021, la Ville décide de se constituer partie civile entre les mains du juge d’instruction. C’est à la suite de cette décision qu’avait lieu lundi une audience », indique le chef de groupe.
Lors de cette audience, lundi 3 avril, La Ville était représentée par Me Philippe Herman afin de réclamer réparation de leur préjudice moral.
« Je représentais la ville qui s’est constituée partie civile. Nous avons fixé le dommage à 1€ symbolique. Le crématorium de Charleroi a fait de même », indique l’avocat.
Une affaire qui tient à cœur à la « Ville antifasciste »
Pour la Ville, déclarée « antifasciste » lors du conseil communal de janvier 2023, il était primordial de réagir. Une Ville antifasciste, c’est une ville ouverte à toutes et à tous qui s’oppose aux idéologies fascistes, et plus largement, à l'extrême droite. C’est à dire, par exemple, empêcher certains rassemblements.
« La ville a, à l’époque, anticipé la motion votée lors du conseil communal : « Charleroi, ville antifasciste ». Aujourd’hui, elle a une possibilité supplémentaire grâce à cette motion. Jeudi dernier, par exemple, nous avons interdit un rassemblement du parti d’extrême droite qui devait s’organiser à Gilly. Et tant mieux », explique Latifa Gahouchi, conseillère communale PS à Charleroi.
Et ce combat est un combat de tous les jours que mènent de nombreux Carolos, citoyens ou politiques.
« Je rencontre régulièrement ces partis d’extrême droite qui font leur campagne, et qui me parfois disent que je n’ai pas ma place ici, ou que je dois rentrer chez moi … Si je subis ça, d’autres le subissent. Nous resterons vigilants, on ne peut pas fermer les yeux et je ne veux pas fermer les yeux et regarder sans agir », Latifa Gahouchi, conseillère communale PS à Charleroi.
Concernant l’affaire des saluts hitlériens au cimetière, le jugement est attendu pour le 15 mai.
A.P.