Me Bruno et Me Callari, avocats de Sergio Siciliano, accusé du meurtre de Lucia Valentini commis à Jumet, la nuit du 18 au 19 février 2022, ont présenté un acte de défense, lundi matin lors du premier jour du procès devant la cour d'assises du Hainaut à Mons.
Après la lecture de l'acte d'accusation par l'avocat général, Me Ricardo Bruno a lu l'acte de défense, rappelant que l'accusé a connu la banqueroute lors de la perte de son restaurant à Charleroi lors de la crise du Covid, et qu'il avait suivi plusieurs cures pour mettre fin à ses addictions à l'alcool et à la drogue.
"Contrairement à ce que déclare l'accusation, il sollicitait le titre de meilleur ouvrier des Hauts-de-France, et non du pays entier, car son ambition était d'ouvrir un restaurant à Dunkerque", épingle l'avocat. "L'accusé a été présenté, lors de l'enquête de moralité, comme un cuisinier qui a de l'or dans ses mains".
Une semaine avant les faits, Sergio Siciliano rencontrait Lucia, laquelle avait aimé une photo d'un plat diffusée sur les réseaux sociaux. L'accusé se trouvait alors dans un hôtel de la région de Charleroi. Ils ont eu un premier rendez-vous. La victime a invité l'accusé à vivre chez elle, à Jumet. Ils ont vécu ensemble durant une petite semaine.
Me Bruno remarque que le couple ne s'était jamais fait remarquer et que l'accusé n'avait pas tenté de s'incruster chez Lucia, laquelle lui avait demandé de partir. "Le mobile du crime n'est pas lié à sa situation de précarité. Il ne voulait pas rester chez elle, appelant des proches. Ce n'est pas le parasite décrit par certains témoins", insiste l'avocat.
L'avocat note que son client s'est montré très collaborant avec les enquêteurs, exprimant des remords et faisant preuve de transparence. "Il n'a rien entrepris pour tenter de maquiller son crime, il n'a contacté aucun témoin pour se forger un alibi, et n'a effacé aucun message dans son téléphone, ni dans celui de la victime".
Me Bruno estime que son client a fait l'objet d'une campagne de dénigrement et diabolisation de la part de ses anciennes compagnes, lesquelles auraient profité de la situation pour se venger de leur bourreau. L'accusé ne conteste pas avoir été violent, mais il évoque un contexte derrière chaque histoire.
La défense dénonce également le piratage du profil Facebook de l'accusé, au début de son incarcération.
La victime, Lucia Valentini, a été mortellement blessée de trente-quatre coups de couteau, "une arme présentée comme son arme de prédilection par ses anciennes compagnes". Me Bruno rappelle qu'il s'agissait aussi de son outil de travail.
Certains témoignages sont qualifiés par la défense comme "douteux et parfois fantaisistes". La défense invite le jury à faire preuve de prudence.
Me Bruno constate que Lucia Valentini a été décrite comme violente et colérique sous l'influence de la boisson, par certains témoins entendus durant l'enquête. Le soir des faits, Lucia aurait jeté des objets vers l'accusé et ses vêtements sur le sol, dans une colère sous influence de l'alcool. "La déclaration de l'accusé est en résonance avec les déclarations des anciens conjoints de la victime, il n'a pas pu inventer ses détails lors de sa première audition", épingle la défense.
Sergio Siciliano a déclaré que la victime l'avait agressé, armée d'un couteau. "Plusieurs éléments scientifiques semblent corroborer sa déclaration, l'examen médico-légal opéré sur l'accusé, la présence d'un autre couteau sur la scène de crime".
L'intention d'homicide ne sera pas contestée et la défense ne plaidera pas la légitime défense. Toutefois, il faudra tenir compte du contexte. "Il n'est pas à l'origine de la rixe, et il a réagi dans un état de colère", insiste Me Bruno.
L'accusé sera interrogé par la cour, juste après une courte pause.
Le procès est prévu pour une semaine maximum.