Sergio Siciliano, accusé du meurtre de Lucia Valentini commis à Jumet la nuit du 18 au 19 février 2022, a été interrogé lundi midi par le président de la cour d'assises du Hainaut dans le cadre de l'instruction d'audience.
Le natif de Sicile, arrivé à Boussu à l'âge de huit mois, dit avoir eu une enfance normale, malgré un accident qui l'a paralysé plusieurs mois. Il s'est lancé dans une formation de maçon, sans avoir obtenu son certificat d'études de base.
Vers la fin des années 90, sa société de construction a fait l'objet d'une faillite et l'accusé s'est lancé dans la restauration, après avoir suivi une formation dans plusieurs restaurants.
Père de cinq enfants, avec lesquels il n'a plus de contact, Sergio Siciliano a reconnu qu'il était sociable, gentil et serviable, mais que l'alcool le rendait méchant. "J'ai commencé à boire après mon divorce. J'ai aussi consommé de la cocaïne au club de moto, durant une dizaine d'années", a expliqué celui qui était proche des Hells Angels. Son tatouage Omerta (loi du silence dans la mafia italienne, NDLR) sur le bras a notamment intrigué le président de la cour. L'accusé a toutefois argué qu'il ne comportait aucune signification particulière.
Le casier judiciaire de Sergio Siciliano compte une dizaine de condamnations, notamment pour coups et harcèlement. L'accusé a expliqué avoir été victime de violence de la part d'anciennes compagnes, prétendant que les policiers ne l'avaient jamais pris au sérieux en raison de son physique imposant. Comme l'ont annoncé ses avocats dans leur acte de défense, Serge Siciliano a contesté les déclarations de ses anciennes compagnes, lesquelles ont prétendu avoir été menacées et harcelées.
Certaines de ses anciennes compagnes ont notamment déclaré que l'accusé aimait bien les menacer en tenant un couteau en main. "C'est faux, elles ont toutes déclaré cela après avoir lu la presse. Si j'avais un couteau, c'était parce que c'était mon outil de travail", s'est agacé Serge Siciliano.
Une semaine avant le crime, l'accusé a rencontré la victime. Ils ont entamé une conversation sur les réseaux sociaux. "Elle est venue me voir à l'hôtel, emportant deux bouteilles de vin", a-t-il précisé. Quelques jours plus tard, il s'est installé chez Lucia, à Jumet.
Le 18 février 2022, l'accusé n'est pas allé faire les courses comme cette dernière lui avait demandé. Il a continué à boire du rhum durant la journée car il n'y avait plus de vin. Lucie et Serge Siciliano se sont aussi querellés au sujet d'une carte de banque, au nom d'une autre femme, retrouvée dans les affaires de l'accusé par la victime.
"Comme je n'étais pas allé chercher du vin, elle s'est énervée, m'insultant et me jetant des objets. Je l'ai laissée se calmer, j'ai continué à boire, mais elle a commencé à s'emporter vivement, m'insultant de tous les noms, répétant toujours la même chose. Elle était devenue hystérique", a poursuivi l'accusé.
D'après ce dernier, Lucia aurait essayé de le taillader avec un couteau. "Je lui ai tiré le couteau des mains. Elle est revenue vers moi avec un autre couteau, criant qu'elle allait me tuer. Je me suis mis en colère, je l'ai désarmée et je l'ai poignardée, je ne sais plus combien de coups, j'étais enragé", a-t-il expliqué. Trente-quatre plaies ont été relevées sur le corps de la victime par le médecin légiste.
Une fois la victime au sol, l'accusé est remonté à l'étage pour continuer à boire. "Quand je me suis réveillé, je l'ai cherchée dans toute la maison. Je suis ensuite allé dans la cuisine, où elle se trouvait. Je suis remonté pour appeler les secours", a-t-il assuré. Il était alors 07h26.
L'accusé a exprimé des regrets pour les faits qui se sont produits la nuit du 18 au 19 février 2022 derrière le salon de coiffure de la rue de la Station, à Jumet. "Je présente mes excuses. C'est l'alcool qui m'a envoyé ici", a-t-il ajouté.
Des témoins seront auditionnés jusqu'à mardi soir.