Hier après-midi, des masques ont été distribués aux bourgmestres des communes hennuyères. Et si certains en sont ravis, d’autres sans doute plus proches de la réalité quotidienne des soignants, sont scandalisés. La fédération des généralistes de la Botte, a aussi réagi, et elle est très inquiète.
« La Commune d’Anderlues a pris l’initiative d’acquérir un stock de masques de protection qui sont distribués aux infirmières ce mardi 24 mars. Chaque personne concernée est contactée personnellement afin de venir retirer un lot de masques. »
Distribution en grande pompe, et loi de la débrouille
Ce message inscrit sur la page d’information de la ville d’Anderlues, semble à première vue plutôt rassurant, les autorités communales n'ont pas attendu la distribution en grande pompe du gouvernement fédéral et du gouvernement wallon.
Hier après-midi, les bourgmestres se sont rendus auprès du Gouverneur de la Province de Hainaut , Tommy Leclercq pour recevoir leurs masques à destination d’abord des médecins de leurs entités, des maisons de repos et des résidences d’enfants ou de personnes porteuses de handicap.
Dans les prochains jours, le gouvernement wallon a instruction de livrer quelques 370.000 masques aux infirmier(e)s à domicile, ce qui correspond à 50 masques par professionnel du secteur.
Anderlues a reçu 18.000 masques qu'elle distribuera aux homes pour personnes âgées, homes pour personnes handicapées, maisons d’accueil, CPAS, secteur d’aide et soins à domicile.
A Courcelles, Caroline Taquin, la bourgmestre affiche fièrement sa récolte obtenue, je cite « à force d’acharnement », la distribution des masques se fera via l'Association des infirmiers indépendants du grand Courcelles (AIIGC). Le Collège communal a également commandé du matériel supplémentaire à savoir des gants, des chaussons, des lunettes et des visières de protection.
A Fleurus, malgré l’annonce du Gouvernement wallon prévoyant pour ce 26 mars une livraison de masques chirurgicaux affectés aux infirmiers à domicile (50 unités par personne), la Ville de Fleurus maintient ses efforts.
"En effet, les retours du terrain sont inquiétants et confirment que tout ceci restera insuffisant." informe l'administration par voie de communiqué.
Par conséquent, depuis plusieurs jours, la Ville de Fleurus explore de nombreuses pistes pour tenter d’assurer un approvisionnement, même modeste, de ses acteurs de première ligne. Elle a donc fait l'acquisition de près de 400 masques FFP1, FFP2 et FFP3 à destination des médecins généralistes et a commandé 1000 masques chirurgicaux pour les infirmières à domicile.
Même constat à Sivry-Rance où le bourgmestre cdH, Jean-françois Gatelier, (notre vidéo) s’attendait à mieux de la part de nos gouvernants.
« Chaque commune a reçu des masques de la Région Wallonne, Sivry-Rance en a reçu 2000 masques que nous devons répartir sur les 3 résidences de notre territoire : la maison de repos « le Touvent », la résidence pour personnes handicapées « le centre André FOCANT » et la résidence pour personnes handicapées « le petit poucet ». Ces masques chirurgicaux tiennent en moyenne une journée en tirant dessus ! le stock sera donc vite écoulé. »
Du côté d’Aiseau-Presles, Jean Fersini, le bourgmestre socialiste est lui aussi outré et scandalisé.
« Il n’y en n’a pas assez (de masques), le compte est vite fait. Il faut revoir cette politique de sécurité sanitaire. Il faut investir et pouvoir fabriquer tous ces équipements plus près de chez nous, voire chez nous. Dans le futur, il faut se préparer à de nouvelles vagues de virus inconnus, à ce genre d’attaque. Sous l’impulsion de la communauté européenne nous avons dû réduire la voilure en matière de soins de santé, à l’avenir, si on ne veut pas tous suivre l’exemple de l’Italie, il ne faut plus faire d’économie sur l’urgence sanitaire »
De qui se moque-t-on ?
Le bourgmestre de Sivry Rance, Jean-François Gatelier par ailleurs médecin s’offusque aussi de ce que sa profession n’aie pas reçu les masques FFP2 promis. Il est soutenu en cela par le président de l’association des médecins généralistes de la région des Fagnes qui couvre les communes de la Botte dont Beaumont, Chimay et Momignies.
« Nous avons reçu des masques pour les 80 médecins de la Botte, 4000, donc cela représente 40/50 masques chirurgicaux par médecin ce n’est pas beaucoup. Pour l’instant, la plupart d’entre nous, vit sur ses réserves, et économise ses masques parce que la crise ne fait que commencer. Idéalement, il faudrait plus de masques et des masques adaptés, les masques chirurgicaux c’est bien mais des FFP2 ce serait mieux. Nous sommes en première ligne et très exposés. Quand on voit que le personnel hospitalier qui est bien, bien protégé, est quand même contaminé, c’est effrayant. »
Le docteur Sébastien Laurent, le président de l’association, jeune médecin à Rance relativise aussi.
« Jusqu’à présent, à Chimay, on est relativement épargné, on ne vit pas la situation de nos collègues dans le Hainaut. Mais on se prépare et on se rend compte que les moyens que l’on nous donne sont dérisoires. Nous avons des médecins âgés dans la Botte, j’ai peur que le manque de matériel favorise la contamination des uns et des autres, que ces médecins fassent des complications. Q’un médecin se retrouve en soins intensifs parce que nous sommes à court de masques, ce ne serait pas admissible. »
Le problème ne se pose pas, ou dans une moindre mesure au poste de garde installé à l’hôpital de Chimay où les médecins mieux protégés, entreront très vite en contact avec des patients contaminés, même si le risque zéro n’existe pas.
Les grands oubliés
Dans certains communes, les infirmières à domicile et les autres travailleurs réquisitionnés que se soit à la Poste, dans les magasins, les services d’intervention, les éboueurs et bien d’autres encore auxquels personne ne pense à priori, la situation est encore plus délicate.
A Sivry-Rance, ils ne seront pas oubliés. Les travailleurs sociaux et les caissières de grands magasins, seront prioritaires dans la commande des masques en tissus fabriqués par quelques bénévoles dans la commune.
Comment apporter une explication ? Citoyens disciplinés par les mesures de confinement ? Une trappiste protectrice dans...
Posted by Jean-François Gatelier on Wednesday, March 25, 2020