Le Musée de la Photographie de Charleroi vient d'annoncer la triste nouvelle sur sa page Facebook. Camille Detraux est né en 1926 à Tamines, il restera à jamais dans les mémoires pour avoir été un des premiers à arriver sur les lieux de la catastrophe du Bois du Cazier, le 8 août 1956.
En 2016, le Musée avait organisé une rencontre entre Camille Detraux et le journaliste Marcel Leroy, dans le cadre de la commémoration des 60 ans de la catastrophe.
Camille Detraux est né le 16 décembre 1926 à Tamines. Très jeune, il s’intéresse à la photographie s’amusant âgé de treize ans à faire ses premiers tirages. Il travaille avec son père commerçant et, après son service militaire, entre aux ACEC, aux transformateurs. Un avis paraît aux valves : on demande un photographe. Il fera de la photo industrielle et publicitaire.
En septembre 1953, il est engagé au « Journal de Charleroi », par les frères Des Essarts. Il photographie les crimes, les accidents de circulation, les remises de décorations, le banal et l’extraordinaire, jusqu’à sa mise à la pré-retraite. Camille Detraux avait confié au Musée de la Photographie l’ensemble de ses archives photographiques, qui y sont régulièrement présentées.
Voici le communiqué du Musée de la photo.
Nous avons appris avec une profonde tristesse le décès, ce 3 mars 2022, à 96 ans, de Camille Detraux, photographe emblématique de la tragédie de Marcinelle.
Le 8 août 1956 devait être une journée comme une autre pour le photo-reporter Camille Detraux. Jusqu’à ce coup de téléphone de Lucien Harmegnies, alors journaliste au « Journal de Charleroi » et bourgmestre faisant fonction de Marcinelle, lui annonçant un incendie au Bois du Cazier. Arrivé rapidement sur place, Camille Detraux a immortalisé ces instants tragiques avec une première photo des fumées s’échappant du puits et de la grille où commençait à se presser la foule. Pris de l’étage d’une habitation de la rue du Cazier, ce document entamait le reportage le plus important de sa vie.
Lui, qu’une carrière de photographe industriel et publicitaire aux ACEC aurait dû laisser dans l’ombre, si les frères Marius et Marcel des Essarts ne l’avaient engagé au « Journal de Charleroi » en 1953.
Les accidents de circulation, les faits divers, pour ne pas dire « les chiens écrasés » seront son quotidien… Jusqu’à ce matin d’août 1956 quand il arriva le premier au Charbonnage du Bois du Cazier à Marcinelle.
Faisant preuve d’humanité et de dignité, respectant la détresse et le chagrin des familles, refusant tout voyeurisme et sensationnalisme, le reportage photographique d’une grande pudeur qu’il réalisa à l’occasion, avec son collègue Raymond Paquay, reste aujourd’hui encore un exemple de déontologie et de professionnalisme.
Avec l’humilité et la modestie qui le caractérisaient, il offrit dans les années 1990 ses négatifs, miraculeusement sauvés de la destruction, au Musée de la Photographie à Charleroi. Ceux-ci feront en 1996 l’objet d’une première publication sous la forme d’un catalogue photo intitulé « Bois du Cazier. Marcinelle le 8 août 1956… » commenté par le journaliste Christian Druitte. Devant le succès rencontré, cet ouvrage fera depuis l’objet de plusieurs rééditions.
Camille, en 2003, a participé à une exposition de ses photographies sur les lieux même de leur prise de vue, au Bois du Cazier qui venait d’être réhabilité en lieu de mémoire.
Camille restera dans notre mémoire comme un homme de cœur. Un vrai gentil dans le sens noble du terme. Laissant libre de droit la reproduction de ses clichés, auxquels il associait invariablement Raymond Paquay, il fit de ces derniers son testament philosophique de grand photographe pour les générations futures.
Nous présentons nos plus sincères condoléances à sa famille ainsi qu'à ses proches.
Ici une photo d'une table ronde avec Camille Detraux (au centre) au Musée de la Photographie, 29 septembre 2016 ©Musée de la Photographie:
Photo d'illustration de l'article: Camille Detraux et Raymond Paquet, de la série "Bois du Cazier", Marcinelle, 8 août 1956. © Camille Detraux et Raymond Paquet