Comme chaque année, une cérémonie empreinte d’émotion s’est tenue ce matin sur le site du Bois du Cazier à Marcinelle. Le 8 août 1956, 262 hommes, dont 136 Italiens, ont tragiquement perdu la vie dans l’une des pires catastrophes minières de l’histoire.
Aujourd’hui, 68 ans plus tard, le moment du recueillement a une nouvelle fois rassemblé familles, anciens mineurs et représentants officiels.
À 8h10 précises, les 262 coups de cloche ont retenti, accompagnés de la lecture des noms des 262 victimes, résonnant dans l’enceinte du site historique. Ce rappel solennel de la tragédie souligne non seulement l'ampleur de la catastrophe humaine, mais aussi la catastrophe sociale qu’elle a engendrée pour la Belgique. Ce drame a laissé près de 200 veuves et 400 orphelins de 12 nationalités différentes.
Un Enjeu Toujours d’Actualité : Les Droits des Travailleurs Migrants
Lors de la cérémonie, Esther Lynch, Secrétaire générale de la Confédération européenne des Syndicats, a mis en lumière un autre aspect crucial de la tragédie de Marcinelle : la condition des travailleurs migrants. Elle a rappelé les discriminations dont ils étaient victimes à l'époque, des préjugés qui, selon elle, persistent encore aujourd’hui.
« C’est vrai qu’il y a un autre enjeu dans la tragédie de Marcinelle, c’est celui des travailleurs migrants. On l’a vu dans le passé, c’était impossible de trouver un logement parce qu’il était affiché partout "Interdit aux étrangers et aux animaux". Aujourd’hui, la discrimination entre les étrangers, ça existe encore. C’est ça notre but : assurer une certaine égalité entre tous les travailleurs et leurs familles. » a-t-elle déclaré.
Une Journée de Mémoire et d'Espoir
Parmi les participants, on notait également la présence de représentants des anciens mineurs, des familles des victimes, ainsi que d'une membre du gouvernement italien. Cette dernière a souligné l’importance du 8 août, une date qui, en Italie, est dédiée au sacrifice des travailleurs italiens à travers le monde. Elle a exprimé l’espoir que cette journée devienne une journée européenne de mémoire commune, en hommage aux victimes de Marcinelle.
La cérémonie de ce matin était aussi marquée par un message d'espoir, soulignant l'importance de la protection des travailleurs et de la fraternité entre les peuples et les religions.
« Les commémorations d’aujourd’hui nous poussent pour l’avenir à protéger tous les travailleurs. Peu importe qui ils sont, qui ils aiment, où ils travaillent, parce que la protection, c’est pour tous les travailleurs et en tout temps. » a ajouté Esther Lynch.
Un Dernier Hommage
La cérémonie s’est conclue par le dépôt de gerbes devant la stèle en hommage aux 262 personnes qui ont perdu la vie ce tragique matin du 8 août 1956. Ce geste symbolique, empreint de recueillement, rappelle que la mémoire de Marcinelle reste vivante et que la lutte pour des conditions de travail dignes et égales continue de résonner bien au-delà des frontières belges.