La situation des travailleurs de la ville de Charleroi se détériore depuis une dizaine d’années à peu près. Leurs revendications ont été plusieurs fois portées au conseil communal. Pour nous rendre compte de la réalité de terrain, nous sommes allés à la rencontre des agents de différents services qui disent tous la même chose : il manque de bras.
Des retards dans les travaux de plus d’un an, un personnel livré à lui même, du matériel non adapté et surtout un quart de personnel minimum en moins dans chaque service, le personnel de la ville de Charleroi est véritablement exsangue. "Il y a des bâtiments où parfois nous étions 5 ou 10 selon la superficie et maintenant nous sommes la moitié" Philippe Barbion permanent CGSP Administration confirme :"les techniciennes de surface font le minimum. On fait les toilettes, les éviers, elles ne savent même plus faire les bureaux tous les jours, les classes tous les jours, on doit demander aux administratives qu'elles vident les poubelles à leur place. Le métier évolue, on peut dire que des machines parfois remplacent des bras, mais on ne peut pas remplacer tous les bras par des machines et aujourd'hui il manque de bras partout dans tous les services."
Le parc immobilier de la ville est trop vaste
Le parc immobilier à gérer est également impressionnant. Il dépasse les 500 bâtiments alors que les services techniques se réduisent de plus en plus à peau de chagrin. De plus, le matériel ne suit pas. "On demande un siphon, il y a deux ans, on ne sait pas l'avoir. Au lieu de remplacer un robinet, comme on ne sait pas avoir le robinet, on remplace l'évier carrément". Si on ajoute à cela les problèmes de hiérarchie et de recrutement, le phénomène ville est proche du chaos. Le service des ouvriers étant réduit, la logique a voulu que l'on supprime également des postes de brigadiers devenus obsolètes. "Quand on n'a plus qu'un contre-maître et qu'il est en congé, parce qu'il faut bien qu'il prenne ses congés, l'ouvrier se retrouve devant le contre-maître en chef, mais même chose pour eux, il y en avait 4 avant, il n'y en a plus que deux. Si l'un d'eux est malade ou en congé, il n'y a plus de contre-maître en chef". Il n'est pas rare dès lors que l'ouvrier doive porter sa requête devant la direction générale du service.
Les revendications barémiques désormais au second plan
Les revendications du personnel ont déjà fait l'objet de plusieurs interpellations et manifestations au conseil communal. Et ironie de l'histoire, la situation des services communaux est à ce point catastrophique que les revendications barémiques passent désormais au second plan. Ce dont les agents manquent aujourd'hui se sont des bras, on l'aura compris, mais aussi une vision claire de leur travail. D'autres actions syndicales sont donc envisagées dans un futur proche.