L'annonce fait l'effet d'une bombe dans le monde des marches folkloriques. La maison Leclercq de Tarcienne a décidé de mettre fin à son activité de location de costumes. Une décision qui tombe particulièrement mal puisque cette année, la Saint-Roch et la Sainte-Rolende se déroulent le même week-end.
La Maison Leclercq de Tarcienne l'a annoncé via un message à ses clients habituels: elle a décidé d'arrêter son activité de location de costumes. Une petite bombe pour le monde des marches folkloriques qui se demande déjà dans quelle pagaille il va devoir se débattre pour arriver à ce que les 3 000 marcheurs des deux marches les plus importantes de notre région aient leurs costumes à temps.
Ce sont les deux années d'arrêt des marches suite au Covid et l'incivilité de certains marcheurs qui auront eu raison de l'entreprise familiale. Elle déplore d'ailleurs son choix dans un mail adressé aux différentes compagnies et aux marcheurs.
"Malgré notre amour du folklore et notre acharnement à relancer l’activité après les années COVID, force est de constater que les embûches se sont accumulées le long du chemin."
La Maison Leclercq a bien tenté un sursaut en réalisant des masques pour les marcheurs pendant la pandémie, mais cela n'aura visiblement pas suffit.
"L’augmentation du prix de l’énergie, les indexations salariales, les difficultés d’approvisionnement en matériel mais également les incivilités : matériel dégradé ou perdu sans compensation, factures impayées et autres comportements irrespectueux ont eu raison de notre détermination."
Cette gestion semble être devenue un poids pour les dirigeants qui ont décidé de se concentrer sur la vente plutôt que sur la location.
Cette décision aura à n'en pas douter des répercussions sur les deux marches les plus populaires de notre région, d'autant que ces ex-louageurs ne seront pas disponibles avant le 5 mars, il restera aux compagnies 2 mois pour se retourner et le seul louageur qui reste sur la région, la maison Simons-Tenret, ne pourra pas absorber toutes les demandes.
Tous les louageurs se sont retrouvés dans une situation très délicates suite à la pandémie, un appel aux dons avait même était réalisé pour leur venir en aide. Voir ou revoir notre reportage de l'époque !
Et maintenant ?
La réaction de Simons-Tenret n'a pas tardé, le louageur se dit bouleversé et déplore une décision qui remet en question l’avenir des marches de l’Entre-Sambre et Meuse.
« Pour désamorcer la rumeur dont nous avons aussi pris connaissance, il n’existe aucun accord de rachat de la Maison Leclercq par nos soins. A tous nos clients, soyez rassurés, vous continuerez à bénéficier de nos service comme d’habitude. Au-delà, nous comprenons que le folklore des Marches, dans son ensemble, va être fortement impacté. Enfin, notre stock est précis et ne peut pas être étendu voire multiplié d’un claquement de doigts, ce qui veut dire que nous ne manquerons pas de prendre en considération vos demandes. Cependant, il ne nous sera pas possible de satisfaire tout le monde. »
Cette année, le hasard du calendrier fait que la Saint-Rolende de Gerpinnes et la Saint-Roch de Thuin ont lieu le même weekend. Ce sont les deux plus grosses marches en termes de participants, alors, fatalement la demande de costume est énorme: "Nous avons rapidement fait le compte, lors de la Pentecôte, la maison Leclercq habille environ 1 500 marcheurs et ce chiffre est tout aussi conséquent pour la Saint Roch de Thuin. Il va falloir trouver des costumes en conséquence pour pouvoir équiper les deux marches", avance Julien Hermant, l'échevin du folklore gerpinnois.
Au-delà de la limite des costumes disponibles, il ne faut pas oublier les enfants. Chaque année, c’est une taille de costume différente et/ou un tour de tête différent.
Quelles sont les solutions qui s’offrent aux compagnies impactées ? Il est encore trop tôt pour le dire. On accuse le coup dans chaque village. Les compagnies concernées doivent se concerter et éviter de jouer cavalier seul. Souvenez-vous, il n’y a pas si longtemps, la crise sanitaire avait démontré l’importance vitale des louageurs pour la pérennité de notre folklore. C’est dans ce sens qu’un raisonnement similaire doit absolument s’opérer, et dé préférence, au pas accéléré.