Chaque année de novembre à fin mars, les services sociaux actifs au sein du Relais Social de Charleroi mettent en place leur plan hivernal pour accueillir un maximum de sans abri. Le bilan du plan 2017-2018 est plutôt mitigé, il a été présenté aujourd'hui dans les locaux de l'asbl "pose ton sac" un projet emblématique des actions qui peuvent être menées au sein du Relais Social avec parfois de petits moyens.
Patricia nous ouvre la porte de sa chambre à l'asbl "Pose ton sac", elle est arrivée dans cette maison à Couillet, un ancien château de directeur de charbonnage, il y a un mois 1/2 après un parcours logement relativement complexe. "je vivais dans un studio, avec un ami. Et maintenant ça fait un mois et demi que je suis ici. On est bien, c'est grand, il y a une terrasse, avec un jardin, c'est trop". Cette solution est transitoire, Patricia le sait. Mais ici c’est mieux que les abris de nuit.
"Je ne suis pas sur que la situation se stabilise"
Cet endroit est emblématique de ce que l'on peut faire lorsque l'on s'y met vraiment. Parti d'une initiative citoyenne, Pose ton sac, est le résultat d'un partenariat entre l'association pour la promotion du logement Château Mondron, l'asbl Pose ton sac et le Relais Social. Cet hiver 10 158 nuitées ont été assurées dans les différents abris de nuit du Relais. Un recul de 4,3% par rapport au plan hiver précédent. Mais cela ne veut pas dire qu’il y a moins de SDF puisque plus de personnes ont été accueillies. Les refus faute de place, par contre, ont diminué de 27%. Bernard Gailly, le président du comité de pilotage du relais social explique :"Je ne suis pas sure que la situation se stabilise. On perd peut-être un peu moins de 5% de nuitées, mais il y a 5% de personnes différentes en plus dans les abris de nuit. Il faut savoir qu'au niveau des abris de nuit, des centres de jour, tout le monde essaie d'être attentifs aux primo arrivants pour que personne n'essaie de s'installer en rue." Sophie Crapez, vice-présidente du relais social et coordinatrice de l'asbl Comme "Chez Nous" tire également ce constat que la crise du logement et la crise sociale que nous vivons a été marquée par une forte progression ces dernières années mais en arrive à une autre conclusion "on arrive à une forme d'effet pallier et on espère que tout le travail d'accompagnement en amont, va porter ses fruits". Un accompagnement offert l'an dernier à plusieurs dizaine de milliers de personnes.
Il manque de moyens
Mais, il y a reste les irréductibles, ceux dont les problèmes de toxicomanie, entre autre, gangrènent les efforts des travailleurs sociaux. Denis Uvier fait partie de ceux qui travaillent avec les plus démunis "Si on n'est pas vigilants pour tout ceux qui sont déstructurés, exclus de tout. Si on n'est pas vigilants d'avoir aussi pour eux un lit, un toit, on continuera à avoir des gens de plus en plus fermés et qui vont continuer à se déstructurer totalement dans les bois avec des tentes etc...".
Autre conclusion du plan hivernal, elle est récurrente, c’est le manque de financement structurel. "Il serait temps que les pouvoirs publics commencent à revoir la manière dont ils financent les choses, par des enveloppes à prix coûtant, et non pas, dans des enveloppes fermées." Des moyens strictes qui n’empêchent pas le Relais Social de rêver, comme dans d’autres villes, à une "salle de shoot" et un vestiaire pour SDF, pour que la boucle soit bouclée, une sorte d’endroit où poser son sac, en somme.