Le procès de Domenico Puddu, accusé de l’assassinat de Jean-Yves Wargnies a débuté ce mardi 11 avril à la Cour d’Assises de Mons peu après 9h, en présence des deux soeurs de la victime, Agnès et Cécile Wargnies et de leur maman.
L’acte d’accusation a été distribué aux jurés, 16 personnes issues de la société civile. Il a ensuite été lu par l’avocat général François Demoulin. L’acte d’accusation rappelle notamment que, dès le début de la rénovation de leur bâtiment de la rue du Congo à Marchienne-au-Pont, Jean-Yves Wargnies et sa compagne ont été confrontés à leur voisin, Domenico Puddu, un retraité de 70 ans, qui ne supportait pas le bruit des travaux. Cela s’est traduit par des altercations au départ. Quelques années plus tard, le 30 décembre 2019 les coups de feu meurtriers ont été tirés.
Durant cette première journée de procès, l'accusé a été interrogé par le Président de la Cour d'Assises du Hainaut. Dans le calme, Domenico Puddu a parlé de sa vie passée, qu’il qualifie de conventionnelle. D’une jeunesse sans histoire et de ses études secondaires en mécanique qui se sont bien passées.
Après des études dans une école d’ingénieurs, notamment en électronique, il a fait sa carrière chez Caterpillar jusqu’en 1995 jusqu’à une restructuration qui lui a fait perdre son emploi. Après il explique n’avoir plus cherché de travail car il s’est consacré à ses passions : lecture, peinture et musique.
« Je suis de nature solitaire. J’aime m’isoler, je suis assez renfermé », précise l’accusé.
Il explique être arrivé à Marchienne-au-Pont en 2000, dans un endroit qui lui avait été présenté par le propriétaire comme un « havre de paix » dans une zone industrielle. Depuis le début des travaux de son voisin Jean-Yves Wargnies, l’accusé explique qu’il ne vivait plus dans le calme. Et que ces problèmes de nuisances sonores ont duré près de 5 ans, les relations entre les deux hommes se sont dégradées au fil du temps, notamment après des dépôts de plaintes de part et d’autre.
"Je regrette, je voulais juste arrêter les nuisances"
Le 30 décembre 2019, le jour du drame. Domenico Puddu déclare jouer de la guitare et être une nouvelle fois interrompu par le bruit de la disqueuse alors qu’il a déjà fait des travaux tout le week-end. L’accusé dit ne plus se souvenir s’il s’est alors rendu directement avec l’arme à son domicile pour lui dire de ne plus faire de bruit. Domenico Puddu aurait en tout cas fait plusieurs aller-retour. Le témoin, Christophe Bertelli qui travaillait sur la toiture de l’habitation avec Jean-Yves Wargnies a entendu plusieurs détonations.
« Je regrette infiniment ce qui s’est passé. Je ne voulais pas que ça aille jusque là, déclare l’accusé à l’assemblée. J’ai vu rouge et quand le processus s’est enclenché, c’est devenu incontrôlable. C’est le bruit que je voulais arrêter, rien d’autre », ajoute alors Puddu, qui précise encore : « Jean-Yves Wargnies et moi, on se côtoyait, j’allais même de temps en temps boire un café dans son café-brocante « Chez Ta Mère sur la place de la Digue à Charleroi ».
"Quand j’ai tiré sur Jean-Yves Wargnies, je l’ai vu tomber, et là, le volcan s’est éteint… toute la nervosité est partie en une fois, je me suis senti vidé. Je me suis rendu compte de ce que j’avais fait… »
A ce moment de son récit… l’accusé marque un temps d’arrêt et fond en larmes. Les deux sœurs de la victime sortent alors de la salle d’audience en éclatant en sanglots.
L’accusé ajoute : « C’est incontrôlable, irrationnel. A ce moment, on ne pense plus à rien, on ne raisonne plus, on est dans un état second. C’est l’accumulation de tous les épisodes liés aux nuisances qui a mené à ça, et sa manière de me répondre qui ont provoqué ma réaction ».
Le témoin Christophe Bertelli précise que l’accusé lui a dit « Je l’avais prévenu, je lui avait dit que je lui tirerais une balle. Je l’ai tué mais je l’avais prévenu. Je vais aller en prison mais tu dois bien préciser que je l’avais prévenu, sinon tu vas avoir des problèmes », ce qui représente donc une nouvelle menace à l’encontre, cette fois, du témoin.,
L’origine de l’arme
A la question du président de la cour d’assises sur l’origine de son arme, Puddu explique s’être procuré ce pistolet 765 automatique en 1999 dans une filière à Charleroi. Mais l’arme était enterrée dans le cimetière de Marchienne-au-Pont, près de chez moi, précise l’accusé, car il ne voulait pas d’arme chez lui.
« Je l’ai déterrée en 2016. Car dans ma rue, il y a avait plein de drogués qui se réunissaient souvent. On venait faire des dépôts sauvages derrière chez moi. J’avais interpellé les auteurs et ils avaient dit qu’ils allaient venir mettre le feu chez moi. J’ai pris peur et j’ai donc déterré l’arme.
Je ne l’avais jamais utilisée, sauf sur un terril en 1999 au moment où je l’ai achetée.
J’avais acheté des balles dans un ancien café de la ville basse ».
De nombreuses personnes de l’entourage de Jean-Yves Wargnies viendront témoigner à Mons durant la semaine, notamment au sujet de sa personnalité.
Le procès se déroulera jusqu'à vendredi.
Ch. Baneton