Pour ce deuxième jour du procès de l’affaire de l’assassinat de Jean-Yves Wargnies aux Assises de Mons ce mercredi, place au témoignages face à la Cour, aux jurés de la société civile et à la famille de la victime.
Ce sont d’abord deux experts psychiatres qui ont examiné l’accusé, Domenico Puddu lorsqu’il séjournait à la prison de Jamioulx qui ont été entendus par l’assemblée. Ces experts ont réalisé une évaluation psychologique approfondie et des tests psychométriques afin de rédiger un rapport. L’objectif étant de répondre à des questions, notamment : l’accusé est-il atteint d’un trouble mental qui a aboli ou qui atteint le contrôle de ses actes ; est-il dangereux ; la personne peut-elle être suivie / soignée en vue de sa réinsertion dans la société.
Le rapport fait ressortir que Puddu ne présente pas de retard ni de trouble mental. Les résultats des tests mettent d’ailleurs en exergue un niveau intellectuel supérieur à la moyenne.
Des traits de personnalité plutôt obsessionnels sont identifiés. La personne est rigide, pointilleuse, consciencieuse et soucieuse de préserver son univers immédiat avec peu d’attentes du monde extérieur, selon l’étude.
L'accusé est responsable de ses actes
En conclusion, le rapport psychiatrique mentionne qu’il n’y a pas de trouble mental observé, mais une prise en charge psychothérapeutique est requise selon les experts afin qu’il comprenne pourquoi il en est arrivé là. Il présente une personnalité rigide et obsessionnelle, ce qui implique qu’il peut mal vivre le changement et l’imprévu. Mais l’accusé n’en reste pas moins réaliste, perfectionniste et organisé, précise encore l’étude. En résumé, le rapport conclut que monsieur Puddu est responsable de ses actes au niveau de la loi.
Maître Mayence, qui représente les parties civiles, met en évidence que ce que l’accusé explique par rapport à une des scènes du drame est faux : Puddu prétend s’être rendu le jour du drame une première fois sans arme pour demander à Jean-Yves Wargnies de stopper le bruit et monsieur Wargnies lui aurait répondu de manière hautaine. Mais les caméras de surveillance prouvent que l’accusé s’est rendu directement chez son voisin avec une arme, sans essayer de dialoguer.
Maitre Mayence demande aux experts psychiatres si, le fait d’avoir menti dans l’explication, est bien le reflet de sa personnalité identifiée dans le rapport. Les experts psychiatres précisent que que l’inconfort qui envahit l’accusé peut provoquer des réactions disproportionnées, même s’il n’y a pas de trouble mental. D’où l’importance d’une prise en charge.
Maître Puccini qui représente l’accusé demande si le faciès peu expressif de Mr Puddu veut dire qu’il est entier dans son raisonnement. Les experts précisent qu’il n’y a pas beaucoup d’expression dans son visage car c’est une personne qui n’a pas beaucoup d’émotivité et qui n’a pas recours au théâtralisme.
Une journée de témoignages
S’en sont suivis les témoignages du médecin urgentiste du SMUR de l’hôpital Civil Marie-Curie de Charleroi et de l’infirmière urgentiste qui sont intervenus suite à l’appel de Jean-Yves Wargnies le 30/12/2019. Des témoins des faits de la culpabilité ont également été entendus ce mercredi matin, comme Christophe Bertelli, 47 ans, amis de Jean-Yves Wargnies, qui était présent lors du drame. Il est donc partie civile dans cette affaire. Il raconte ce qu’il a vécu, ce qu’il a vu et les menaces reçues de l’accusé qui lui avait dit le 30/12/2019 de dire la vérité, qu’il avait prévenu la victime qu’elle allait se prendre une balle si elle n’arrêtait pas ses nuisances et que Mr Bertelli devait raconter la vérité, sinon il s’exposait à des ennuis. Christophe Bertelli a précisé lors de son témoignage face à la Cour : « aujourd’hui, je suis brisé. J’ai perdu un ami, je connaissais Jean-Yves depuis l'âge de 15 ans. Je me demande toujours si j'ai fait tout ce qu'il fallait".
La maman et les soeurs de Jean-Yves Wargnies, Agnès et Cécile, ont également livré leur témoignage avec beaucoup d'émotion et de larmes, en parlant de la vie de leur frère, de son parcours, de sa personnalité rassembleuse, de son côté humaniste, idéaliste, utopiste aussi et de ses nombreuses autres qualités.
L'ex-compagne de Jean-Yves Wargnies, Cherine Decoster, qui avait acheté avec lui le bâtiment industriel de la rue du Congo à Marchienne-au-Pont a également témoigné : "c'était un amoureux de la vie, une machine à idées. C'était quelqu'un de tolérant, drôle, une belle personne. Il n'aimait pas les conflits. Il disait souvent qu'on pouvait les régler en dialoguant".
Anthony Dufrane, ami carolo de Jean-Yves Wargnies, était étagement présent pour témoigner du côté passionné, humain et solaire de la victime.
Après cette journée de témoignages, ce sont les plaidoiries qui se dérouleront devant la Cour d'Assises du Hainaut ce jeudi.
Ch. Baneton