Ce lundi, le ministère public a requis des peines allant de 8 mois à 2 ans de prison, sans s'opposer à un sursis, et à une suspension du prononcé contre six prévenus poursuivis pour des coups et blessures et des traitements dégradants sur plusieurs mineurs placés dans un Service Résidentiel Général. La peine la plus haute a été requise contre C.M., coordinatrice au sein du service d'accueil pour des enfants dont une décision d'éloignement familial a été actée.
Tout commence par un courrier envoyé à plusieurs personnes en août et octobre 2018 pour dénoncer les faits commis sur des mineurs âgés de 0 à 6 ans.
"Le courrier évoquait des scènes de violences envers plusieurs mineurs. Ces derniers étaient bâillonnés, enfermés dans des armoires ou enfermés pieds nus à l'extérieur, le tout en hiver. Le point de départ de ces traitements dégradants et coups et blessures fut l'arrivée au sein du service de la première prévenue, coordinatrice dès février-mars 2016. Le courrier dénonçait des punitions récurrentes et longues sur les mêmes enfants, des traitements de faveur, etc. Cela faisait plus penser à une maison de correction qu'à une maison d'accueil pour des enfants abandonnés", a précisé la substitute Vandeloise.
C.M. reconnaît uniquement la contention sur deux enfants, lors d'une crise. "J'ai montré à une collègue comment faire une contention sur l'enfant au sol, pour qu'il ne se fasse mal ou fasse mal aux autres. Une de mes collègues s'était déboité l'épaule quand l'un des mineurs s'était débattu précédemment. Je lui ai donc montré comment contenir celui-ci selon une technique vue en stage."
La coordinatrice reconnaît également l'existence d'un groupe Messenger où les prévenus écrivaient des moqueries sur les enfants ou sur les parents de ces derniers. "C'était en quelque sorte un exutoire." Selon l'une des parties civiles, l'un des enfants était surnommé "Chewbacca"... "L'un des mineurs que j'assiste était privé de crêpes au chocolat et recevait des tartines de thon à la place, ou était privé de boire tant qu'il n'avait pas fini son assiette", a indiqué Me Gobbe, tuteur ad hoc pour l'une des victimes.
Les autres prévenus, éducateurs au sein de la maison d'accueil, reconnaissent avoir tenu des "propos déplacés" sur le groupe Messenger. "J'ai eu un humour déplacé, oui. Mais cela n'a jamais eu d'influence sur le traitement réservé aux enfants", a confié M.V. Des peines de 8 mois à 2 ans de prison et une suspension du prononcé ont été requises contre les six prévenus. "Différentes coordinatrices des différents sites faisant partie du réseau d'accueil ont reçu la lettre de dénonciation, en ont parlé. Mais cela a tout de même continué puisque le groupe Messenger a été créé le 8 novembre 2018, après la dénonciation."
Le dossier a été mis en continuation au 28 novembre prochain, avec les différentes plaidoiries des avocats de la défense.
Source: Belga