- Depuis mercredi, une video de 4 minutes fait le buzz sur tous les réseaux sociaux. Intitulée "j'ouvre le 1er mai", elle regroupe des témoignages et déclarations d'une foultitude de restaurateurs wallons, connus ou moins connus, qui disent très clairement que, quoi qu'il advienne, ils rouvriront leur établissement le 1er mai.
D'abord parce que, argumentent-ils, c'est une question de survie. Mais aussi parce que le Premier ministre a donné cette date il y a quelques semaines comme perspective pour le secteur.
Sauf qu'entretemps, les chiffres de l'épidémie se sont emballés. Et que sur un plan sanitaire, il apparaît de plus en plus clairement que cette deadline sera intenable.
Alors évidemment, on sait comment ça va se passer... Dans une quinzaine de jours, Alexander De Croo, l'air grave, reviendra une xième fois un vendredi soir de Codeco pour expliquer façon Droopy que les courbes ne permettent malheureusement pas de relâchement. Mais qu'on entrevoit le bout du tunnel. Il expliquera que le printemps de la liberté va se transformer en été de la liberté.
Il sera alors intéressant de voir la réaction de l'horeca. Les restaurateurs resteront-ils solidaires dans un grand élan de désobéissance civile avec une réouverture coûte que coûte? Ou, au contraire, prendront-ils encore leur mal en patience en hurlant qu'ils ont été trompés sur la marchandise, qu'une promesse est une promesse?
De Croo et son équipe, dans un cas comme dans l'autre sont devant la quadrature du cercle. Si les restos forcent la réouverture au mépris des mesures, le gouvernement ne pourra virtuellement rien faire si ce n'est constater les dégâts sanitaires potentiels. S'ils ne rouvrent pas, tous les partis de la majorité pourraient, en revanche, à terme le payer très cher politiquement.
Mais, si on peut reprocher énormément de choses aux gestionnaires de la crise depuis un an, on ne peut pas non plus vouloir tout et son contraire: pendant des mois, l'horeca a réclamé, à juste titre, des perspectives. De Croo, avec la date du 1er mai, en a donné une. Tout en rappelant systématiquement que cette date dépendait...de l'évolution de l'épidémie.
Il serait donc injuste, dans quelques jours, de tomber sur le dos du Codeco en l'accusant de ne pas respecter ses promesses. Parce qu'il ne s'est jamais agi d'une promesse. Et si Alexander De Croo n'avait pas donné de date, on lui aurait alors reproché de laisser tout un secteur dans le flou.
Quoi qu'il en soit, on peut se préparer à une nouvelle levée de boucliers et des bravades à répétition. On le sent ces derniers jours : experts et Premier ministre répètent à l'envi que le 1er mai ne peut être gravé dans le marbre. Sans oser, encore, doucher les espoirs. Mais personne n'est dupe, la réouverture de l'horeca le 1er mai est devenu un poisson d'avril.