La plupart d’entre nous ne s’en rendent pas compte, mais pour quelqu’un qui a des difficultés pour lire et écrire, simplement prendre un ticket de bus est quasiment impossible. Les guichets sont de plus en plus rares et pour utiliser les distributeurs automatiques, il faut savoir lire. Aujourd’hui, c’est la Journée Internationale de lutte contre l’analphabétisme. Ce matin, une manifestation symbolique avait donc lieu à la gare des bus de Charleroi-Sud pour dénoncer la difficulté pour ces personnes d’utiliser des automates et des distributeurs, mais aussi pour conscientiser le public sur toutes ces situations du quotidien qui posent problèmes aux personnes qui ont des difficultés à lire ou à écrire.
« Comment faire pour aller voir ma famille? »
L’asbl Lire et écrire avait rassemblé une file symbolique devant le distributeur automatique de billets de la gare des bus A de Charleroi Sud. Et pour ces personnes, il y a aussi de nombreuses autres autres difficultés dans la vie de tous les jours.
« Moi, nous a dit l’une des participantes à l’action, je ne sais pas bien lire et écrire. Pour les distributeurs de tickets de trains ou de bus, c’est difficile parce que je ne comprends pas tout. Alors comment voulez-vous que je fasse pour prendre un ticket si je veux aller voir ma famille ou des amis? Je voudrais donc qu’il y ait au moins un guichet ouvert en permanence. Et il y a plein d’autres situations dans la vie quotidienne qui posent problème. Par exemple, si je suis dans un endroit que je ne connais pas, s’il y a un panneau, je ne sais pas le lire. Donc je suis perdue et je dois demander aux gens. Et parfois, ils me remballent. »
« Trop souvent, on nous envoie balader »
La file symbolique constituée d’apprenants venant de différentes associations qui suivent des cours d’alphabétisation.
Mais pour les personnes souffrant d’analphabétisme, les problèmes sont aussi nombreux que variés. Impossible de lire la destination d’un bus ou de prendre un abonnement avec les réductions auxquels ils ont souvent droit. Et puis, pour beaucoup de démarches, il faut désormais passer par internet.
« Chez moi en Afrique, on n’a pas eu la chance d’aller à l’école, ajoute encore un autre des participants. Moi je me donne à fonds pour savoir lire et écrire, parce que, parfois, on nous manque de respect dans les démarches administratives ou les demandes d’aide. Quand on dit qu’on en sait pas envoyer un mail, on nous envoie balader. »
Un dixième des belges concernés
Dans la file, une personne sur dix avait un auto-collant sur le dos. Un sur dix comme le nombre de personnes ayant des difficultés avec la lecture ou l’écriture en Belgique. Un chiffre malheureusement encore impressionnant.