Du 23 septembre 2023 au 7 janvier 2024, le BPS22 accueille la nouvelle exposition de Laurence Dervaux. Les visiteurs peuvent profiter de nouvelles installations inédites et contempler une quinzaine d'oeuvres de l'artiste. Une exposition centrée sur le corps et qui souhaite entrer en dialogue avec l'humain.
"Nous, huit milliards d'humains, moins vingt-sept, plus septante, le temps de lire ce titre" est la première exposition monographique de Laurence Dervaux à être présentée dans un musée d'art. Ses œuvres mettent en avant la complexité et la fragilité de la vie par l'agencement d'éléments simples : l'eau, la terre, des tissus, des verreries, des miroirs, des aliments, des colorants alimentaires, des ossements humains, et même du sang. Quant au titre choisi, il invite le visiteur à réfléchir sur la notion du temps : “Ce fameux titre est mathématique en fait, c’est le décompteur et le compteur actuel. Il a la notion du fait qu’en très peu de temps, il y a beaucoup de décès mais encore plus de naissances ce qui fait que le temps de faire le parcours de cette exposition, le visiteur prend conscience de la vie et de la mort, de ce cycle de vie" explique Laurence Dervaux. Une manière d'évoquer pour l'artiste le temps qui passe et qui s'écoule.
Nouvelles installations
Deux nouvelles installations ont été spécialement conçues pour cette exposition. C'est dans la salle Dupont, entièrement plongée dans le noir, que le visiteur commence son parcours et découvre la première nouveauté : l'œuvre qui représente "La quantité d'eau contenue dans dix-huit corps humains". L'artiste explique, "toute la partie qui est un peu immergée dans la pénombre est ce qui est relatif au corps humide, au fluide humain qui est toujours en vie, qui est protégé de l’évaporation et d’une transformation possible. C’est donc le passage du liquide contenu, qui est une symbolique de vie, au liquide non-contenu, qui est une symbolique de mort." Le visiteur se retrouve face à des grands vases en verre remplis d'eau claire et parfois d'un liquide coloré représentant le sang ou l'urine. L'eau transite grâce à un réseau de ruban de textile rouge torsadés dans chaque vase.
L’autre installation inédite occupe, quant à elle, l’espace central du musée. "Chaque sculpture représente la quantité de sang contenue dans un corps humain adulte ou enfant" est constituée de 26 gouttes de sang en verre troublant le regard du visiteur. Le corps ici est maintenu comme en suspension : sa ligne de vie peut se rompre à n'importe quel instant.
"J’emploie beaucoup le verre parce que ça exprime la fragilité.Ça induit de la part du visiteur une notion de 'faire attention à'. Par exemple, si chaque sculpture représente un humain, bah quelque part ça induit cette notion de prendre garde", Laurence
Un côté immersif demandé
Des oeuvres plus anciennes de l’artiste telles que les grains de riz, les bols remplis de terre ou encore les crânes colorés complètent le parcours. Ces dernières ont été produites entre 2002 et 2011.
Mais en parallèle de ce parcours plus rétrospectif, le côté immersif des expositions attire de plus en plus de personnes et reste très demandé. “Les expo immersives permettent de ramener un public différent, nouveau et à la quête d’une expérience plus sensorielle et contemplative. La spécificité ici c’est qu’elle parle du corps humain donc elle permet de rattacher le corps du visiteur à des œuvres” explique Camille Hoffsummer, co-commissaire de l’exposition.
Finalement, le corps humain n’est jamais montré de manière frontale dans cette exposition. Il est plutôt détourné au travers d’un registre de signes et de formes par lesquels l’artiste a souhaité faire passer un message : celui de profiter de la vie.
L.Tovmasyan