L’Asbl « Comme chez nous » a soufflé ses 25 bougies, le 16 mai dernier. Un anniversaire qui passe un peu inaperçu, effacé par l’actualité liée au Coronavirus. Ces 25 années d’expérience au service des plus démunis ont pourtant démontré toute leur efficacité pour traverser la crise au mieux. Le déconfinement à peine entamé, les travailleurs sociaux pensent déjà à l’après et comment repenser leur mission. Portrait en compagnie de Sophie Crapez, la directrice de l’Asbl.
C’est en 1995, donc, que l'Asbl voit le jour à l’initiative de l'abbé Paul Trigalet, prêtre ouvrier né à Anderlues. Le centre créé à l’époque vient en aide aux plus démunis et aux sans-abri. En 2002, l’augmentation de la fréquentation incite les travailleurs sociaux et les bénévoles à recentrer leur travail, déjà. Désormais, il ne s’agira plus uniquement d’offrir une halte en journée aux personnes qui sont à la rue, mais bien de les accompagner vers un logement, un travail, bref l'autonomie. Le Rebond, centre d’accueil d’urgence devient au début des années 2000, une porte vers dautres services (Chez Toit, Toudi Boudji ainsi que Les fleurs du bien et Espace temps, désormais réunis au sein de Parent’Elle) qui ont tous la même vocation.
25 ans plus tard
25 ans plus tard, et en période de pandémie, les équipes de l’Asbl sont plus que jamais au coeur de leur métier. Face à l'urgence encore plus prégnante de la situation, il a fallu réagir vite. Dans un premier temps, en maintenant une présence active auprès des sans-abris, ensuite en cherchant la meilleure manière de répondre à l’urgence sanitaire tout en protégeant ses propres équipes.
« Notre première préoccupation c’était de trouver un grand lieu, pour cela nous avons eu une collaboration avec la ville qui a mis à notre disposition le hall sportif de la Maison pour Associations à Mont-sur-Marchienne. Et puis ça a été de développer, sur place, l’ensemble du chemin à parcourir pour les bénéficiaires dans des conditions de sécurité et d’hygiène importantes. »
Dans un premier temps, les portes du Rebond à la rue de Charleville sont restées ouvertes pour permettre à la petite centaine de personnes accueillies chaque jour de continuer à conserver, un point d'ancrage et un minimum d’hygiène de base. Mais très vite les locaux sont devenus trop exigus malgré de nombreuses adaptations. Le 23 mars, toutes l’équipes soit une 15aine de travailleurs et les bénévoles migrent vers Mont-sur-Marchienne.
« La vie s’est arrêtée, et donc notre préoccupation était de rester à disposition. Très vite les gens sont arrivés et on a eu une augmentation importante étant donné que l’on était les seuls ouverts. Et puis petit à petit les choses ont repris leur cours au niveau d’autres services qui sont retombés sur leurs pattes. »
L’Asbl attire alors un public différent aussi des familles avec enfants de moins de dix ans la semaine et davantage de sans-papiers le week-end. Du 23 mars au 26 avril, ce sont 431 personnes supplémentaires qui sont accueillies par rapport à la même période en 2019.
« Les premiers jours s’était une forme d’errance, les seuls qui étaient à l’extérieur ce sont ceux qui n’avaient effectivement pas de chez soi pour s’abriter. Effectivement, il y avait beaucoup d’angoisse, de peur et puis le fait d’avoir besoin d’un minimum d’hygiène de base et de se retrouver dans un lieu où ils allaient se retrouver en sécurité. c’était ça tout le défi. »
Le déconfinement, un autre défi
Difficile pour l’asbl de parler de déconfinement puisque les activités de l’asbl n’ont jamais vraiment été supprimée, ce sont plutôt les activités annexes qui ont dû être organisées en mode virtuel.
« On a voulu garder un lien avec celles et ceux qui étaient vraiment isolés même en milieu très précaire. Aujourd’hui avec le recul, on pense que sur nos 25 ans d’expérience et sur cette agilité de l’associatif, on a pu trouver des solutions assez vite et faire jouer notre réseau. Aujourd’hui le défi c’est de sortit de cette extrême sécurité mais tout en gardant cette attention particulière pour nos publics. Il ne faudrait pas que les projecteurs se détournent tout à fait de nous, de nos bénéficiaires. »
Le Rebond a pu compter sur une aide exceptionnelle de 10 000 euros de la Fondation Roi Baudouin, des masques ont été fournis par la ville de Charleroi. D’autres, 112 exactement, ont été offert par une généreuse couturière. Le comptoir des Fagnes a fourni du gel hydroalcoolique, la plateforme Goods to give a proposé des produits non alimentaires, des restaurateurs aussi sont venus à la rescousse. Un appel au don a été lancé par la Société wallonne du logement, d’autres associations se sont greffées à son action à Mont-sur-Marchienne comme la Washmobile de l’Asbl formidable, de nombreux dons et des bénévoles se sont aussi présentés aux portes du gymnase.
Et demain ? Il va falloir se réinventer encore
Déjà il faut préparer l’après confinement et là aussi les choses vont évoluer si l’on en croit Sophie Crapez, directrice de l’Asbl.
« On voit un avant et un après, mais pas un retour à hier. C’était déjà très présent dans notre fonctionnement mais on voit mieux aujourd’hui encore la nécessité de veiller à l’hygiène de nos publics, la nécessité aussi de l’accès au logement. Nous devons aussi repenser notre mode de fonctionnement, nous étions déjà à l’étroit au « Rebond » mais là maintenant on est très à l’étroit donc on est en recherche à la fois d’un autre mode de fonctionnement, mais aussi d’un autre lieu. Et puis il va falloir réinventer les choses, quasi au jour le jour, puisque là on est parti jusqu’à la fin de l’année minimum. »
Dans l’immédiat, l’Asbl a aussi besoin de bénévoles plus que jamais et de soutien. Le chanteur Marka a décidé de la mettre à l’honneur aussi à l’occasion d’un concert virtuel sur sa page Facebook. Ce sera samedi soir à 20h10, autant d’initiatives encourageantes qui avec d’autres ne doivent pas s’éteindre après le passage du civid-19
« Il y a beaucoup d’initiatives qui sont nées au cours de cette pandémie, les gens ont besoin d’aider, de ne pas rester les bras croisés et c’est tant mieux. A côté de ça, nos 25 années d’expérience nous montre que l’aide d’urgence est un premier pas, mais qu’il faut ensuite être très attentif à aller plus loin, vers une vraie autonomie de ces personnes à la rue. Et donc c’est vrai que l’on est vigilant à ne pas infantiliser ces gens. Donc être là oui, en état d’urgence oui, mais il faut aussi dès à présent penser à des solutions durables pour ces personnes à la rue. »
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