Toutes les personnes fuyant l’Ukraine n’ont pas le droit au même statut : « Je me considère pourtant comme Ukrainien… »

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Plus d’un mois après le début de l’invasion Russe en Ukraine, de nombreux habitants continuent de fuir le pays. Mais si les personnes qui ont la nationalité ukrainienne bénéficient de la protection temporaire lorsqu’elles arrivent dans un pays européen, ça n’est pas le cas pour tous. Certains vivent depuis des années en Ukraine mais n’ont pas la nationalité, et se retrouvent dans une toute autre situation… 

C’est ici, à Charleroi, que sont accueillis quotidiennement des demandeurs de protection internationale. Un endroit dans lequel ne se trouvent normalement pas d’Ukrainiens fuyant la guerre, puisque ces réfugiés bénéficient directement de la protection temporaire accordée par l’Union européenne. Mais ils ne sont pas tous logés à la même enseigne

« C’est comme ça que nous avons accueillis 8 personnes en urgence. Ce sont des personnes qui se trouvaient en Ukraine quand la guerre a éclaté, mais qui ne sont pas d’origine ukrainienne. Pour l’instant, le gouvernement belge a décidé d’offrir un statut temporaire d’un an aux personnes d’origine ukrainienne, mais ce n’est pas le cas pour les personnes d’une autre nationalité. Ici, nous avons donc recueilli des Nigérians, des Palestiniens etc. », explique Fabian Delobbe, directeur du centre Fedasil de Charleroi.

« Je me considère comme Ukrainiens »

Parmi ces personnes, il y a Kingsley qui habitait l’Ukraine depuis plus de 10 ans. Sa famille, sa vie, son travail sont là-bas. Mais il n’avait pas la nationalité Ukrainienne. En fuyant la guerre, il se retrouve donc ici, sans protection et sans travail.

« En Ukraine, il y a ma famille, mon fils, et ma compagne. J’ai noué tellement de choses là-bas : des amitiés, des contacts, j’y ai fait mes études, je suis devenu médecin. Je me considère comme Ukrainien. Quand j’ai entendu que l’Union européenne allait offrir la protection temporaire à tous les Ukrainiens, j’ai décidé de partir en Belgique, comme je connaissais ce pays. Mais quand je suis arrivé, on m’a dit que seules les personnes avec la nationalité ukrainienne bénéficiaient de ce statut. J’ai été très choqué. Les 10 dernières années de ma vie ont-elles été gaspillées ? Là-bas, ma femme, mon fils ont besoin de moi, et je ne peux même pas travailler. Je ne peux pas les soutenir. C’est difficile », explique Kingsley Mmakamma.

Kingsley, comme de nombreux autres réfugiés qui ont fuit le pays dans lequel ils vivaient, sont évidemment dans l’incompréhension.

Deux poids deux mesures 

Leur pays est en guerre, ils n’ont aucun moyen de prouver qu’ils viennent bien d’Ukraine. Et sont donc traités différemment.

« Les autorités belges vont examiner leurs demandes d’asile, mais pour l’instant on ne parle pas de statut temporaire. Je pense que ces personnes s’aperçoivent qu’elles n’ont pas le même statut, elles peuvent se sentir discriminées par rapport aux Ukrainiens d’origine », ajoute Fabian Delobbe, directeur du centre Fedasil de Charleroi.

Un système « deux poids deux mesures » qui surprend, qui attriste. L’Europe ou même la Belgique changera-t-elle certaines lignes directives à propos de ce flou et de ces différences ? En tout cas, c’est ce que chacun espère ici. 

Apolline Putman

 


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