Le sans-abrisme et l'absence de chez-soi sont souvent perçus comme des problématiques propres aux grandes villes mais celles-ci touchent aussi les communes de moins de 15.000 habitants.
C'est ce qui ressort d'une étude menée par CIRTES UCLouvain et LUCAS KU Leuven, à l'initiative de la Fondation Roi Baudouin.
Cette étude se base sur les données des dénombrements réalisés entre 2020 et 2023 dans 24 villes et régions en Wallonie et en Flandre, couvrant 227 des 581 communes belges.
Sur cette base, les équipes de recherche estiment à 19.055 les personnes sans-abri ou sans chez-soi en Wallonie (contre 19.479 en Flandre). Parmi ces 19.055 personnes estimées, 4.311 adultes (30,1%) et 1.475 mineurs (31,3%) en errance vivent dans des communes de moins de 15.000 habitants. En Flandre, ces proportions sont nettement plus faibles: 11,2 % des adultes et 12,5 % des mineurs en situation de sans-abrisme ou d'absence de chez-soi séjournent dans des petites communes.
Selon les auteurs de l'étude, ces pourcentages plus élevés dans les petites communes wallonnes s'expliquent en partie par la proportion plus importante de petites communes en Wallonie, mais aussi, par la plus grande taille de ces petites communes, une densité de population plus faible, ainsi que des distances plus importantes jusqu'aux grandes villes.
En revanche, les lieux où séjournent les personnes sans-abri ou sans chez-soi ne diffèrent pas fondamentalement entre petites et grandes communes. Dans les deux cas, la majorité des personnes concernées résident temporairement chez des amis ou des membres de leur famille.
Les petites communes se distinguent toutefois par une faible présence de personnes vivant dans l'espace public et le peu, voire l'absence, de places en hébergement d'urgence; une proportion élevée de personnes séjournant dans des espaces non conventionnels, tels que des caravanes ou des mobile-homes ou encore un nombre significatif de personnes hébergées en institution, notamment en Flandre.
Quant au profil des personnes sans-abri ou sans chez-soi, il varie peu entre les petites et les grandes communes. Cependant, dans les petites communes, ces personnes sont plus souvent des femmes, de nationalité belge, en couple, avec des enfants mineurs, et ont basculé plus récemment dans cette situation. En outre, la proportion d'enfants sans-abri ou sans chez-soi vivant avec leur(s) parent(s) est plus élevée dans les petites communes que dans les grandes communes.
L'étude constate que, dans de nombreuses petites communes, le manque de places d'hébergement, combiné à des solutions souvent temporaires, pousse les personnes concernées à se tourner vers des hébergements précaires.
Pour améliorer la situation, les chercheurs soulignent l'importance de collaborations intercommunales.
Désireuse d'apporter sa contribution à cette problématique, la Fondation Roi Baudouin lance un appel à projets destiné aux organisations de première ligne. L'appel soutiendra des initiatives visant à lutter contre la pauvreté, dont le sans-abrisme et l'absence de chez-soi.