La SNCB a présenté jeudi, au sein de l'usine Alstom de Bruges, la première des 130 voitures à deux étages M7 à être accessible de manière autonome aux voyageurs à mobilité réduite, en ce compris ceux se déplaçant en chaise roulante.
"Outre la sécurité et le confort du transport, l'accessibilité fait partie intégrante de notre politique", a assuré Sophie Dutordoir, administratrice déléguée de l'entreprise ferroviaire.
La SNCB souhaite que les voyageurs à mobilité réduite puissent à l'avenir voyager en train de manière autonome depuis l'achat de leur billet jusqu'à leur destination finale. Les canaux de vente, les gares, les quais et les trains sont dès lors progressivement adaptés.
Concrètement, les voitures ont une porte dont la hauteur d'embarquement est de 76 centimètres, ce qui correspond à la hauteur standard des nouveaux quais. Avant que la porte ne s'ouvre, une marche coulissante vient combler l'espace entre le quai et le train.
Des ajustements ont également été apportés à l'intérieur. Les portes présentent une ouverture plus large, des poignées ont été ajoutées et les boutons d'ouverture des portes ont été placés plus bas. Les voitures sont également équipées de toilettes adaptées et d'un système d'interphone permettant aux usagers en fauteuil roulant de demander de l'aide en cas de besoin.
"Lors de la première commande de voitures M7 en 2015, l'accessibilité n'avait pas été suffisamment prise en compte", a concédé Sophie Dutordoir. "C'était une occasion manquée. C'est pourquoi, en 2018, nous avons décidé de faire de l'accessibilité autonome une priorité et de commander 130 voitures à deux niveaux accessibles de manière autonome."
Le développement de ces nouvelles solutions a fait appel à l'expertise de groupes d'intérêt tels que le Conseil supérieur national des personnes handicapées, le Collectif Accessibilité Wallonie Bruxelles (CAWaB) et Unia, l'ancien Centre interfédéral pour l'égalité des chances.
"Il est important que nous soyons impliqués dès le départ dans les projets visant à améliorer l'accessibilité", a souligné Nino Peeters, président du CAWaB. Il a invité le ministre de la Mobilité, Georges Gilkinet (Ecolo), à prendre place dans un fauteuil roulant pour découvrir le nouveau wagon.
Ces nouveaux trains permettront progressivement à l'entreprise ferroviaire de remplacer les anciens. Leur constructeur, la société Alstom, accuse cependant un retard de livraison de 2,5 ans. "Cela signifie que la SNCB doit utiliser des vieux trains, plus sensibles aux pannes, plus longtemps que prévu. Et cela est néfaste pour la ponctualité des trains", a regretté Sophie Dutordoir.
La SNCB a commandé les 130 voitures à accessibilité autonome en décembre 2020 à Alstom, pour un montant d'environ 400 millions d'euros. Le constructeur s'est engagé à livrer celles-ci à partir du deuxième semestre de cette année et d'ici fin 2026. Chaque train M7 sera alors équipé d'au moins une de ces voitures mais aussi d'une voiture polyvalente pouvant accueillir vélos et poussettes.
Les gares font également l'objet d'une révision. Il existe en effet trois hauteurs différentes de quai et les trains déjà existants n'atteignent dès lors jamais la même hauteur que le quai. Le contrat de gestion entre la SNCB et le gouvernement fédéral prévoit 178 gares accessibles de manière autonome d'ici 2032, essentiellement celles qui accueillent près de 70% des voyageurs à l'embarquement.
Parmi elles, 103 sont déjà accessibles en toute autonomie. Cela signifie qu'elles disposent d'une rampe ou d'un ascenseur à chaque quai et que ces quais doivent avoir une hauteur de 76 centimètres. Il faut en outre que le lieu soit équipé de lignes de guidage pour les personnes malvoyantes et d'au moins un automate de vente accessible. De nouveaux appareils seront d'ailleurs installés à partir de 2026. Ils seront notamment dotés d'un bouton d'assistance permettant aux voyageurs d'entrer immédiatement en contact avec un employé de la SNCB qui pourra prendre le contrôle de l'appareil à distance.
"C'est un signal positif fort : nous voulons tout le monde monte à bord", s'est félicité le ministre Gilkinet lors de la présentation de cette nouvelle voiture M7. "Chacun doit pouvoir être libre de choisir son mode de déplacement, plus encore de pouvoir opter pour celui qui est le plus sûr et le plus écologique d'entre tous. Pour la première fois, il existe vraiment une vision claire de l'accessibilité des trains, et cette vision est clairement énoncée dans le contrat de gestion de dix ans."
"Pouvoir se déplacer en toute autonomie, c'est l'une des clés vers l'inclusion des personnes en situation de handicap dans tous les pans de notre société", a renchéri Karine Lalieux, ministre de l'Intégration sociale (PS).