Yves Losseau répète ces gestes tous les week-ends depuis le début de la crise sanitaire. Revenu de Côte d'Ivoire exprès pour venir en aide aux plus démunis, il passe son temps à récolter des vivres pour ceux qui en ont le plus besoin. Avec sa cammionette, il sillonne les rues et routes pour récolter des denrées alimentaires afin de les distribuer.
Sur ce parking d'une surface commerciale à Charleroi Ville-Basse, il est à peine 14h30 que la file d'attente s'allonge, toutes ces personnes présentes attendent dans le respect de la distanciation sociale. "Ici, il y a une véritable reconnaissance, énormément de mercis, ce que je n'avais pas toujours quand je le faisais auparavant", explique celui qui s'auto-proclame en tant que fournisseur d'humanité, Yves Losseau.
Jean-Jacques Cloquet, l'actuel directeur de Pairi Daiza, est présent à ses côtés pour lui prêter main-forte. Quasi incognito derrière son masque, c'est en tant que simple citoyen qu'il participe à cette action. "Nous savons à quel point la situation est hyper compliquée et dramatique, encore plus pour les gens sans abris qui ont des besoins. A la demande de mes amis, passer quelques heures ici, ce n'est rien du tout, c'est la moindre des choses", explique l'ancien patron de l'aéroport de Charleroi.
Des hommes, des femmes et des enfants
Le calme qui règne dans les rues leur donnent moins d'occasions de demander de l'argent. Alexandra est une habituée de ce type de rendez-vous, pour elle, c'est une question de survie. "Nous n'avons rien du tout. En plus, les gens ne sont pas sociables avec nous pour l'instant. On se fait même insulter voire menacer. Nous n'avons qu'eux pour nous aider, explique-t-elle. J'essaie toujours de garder le sourire et de me dire que demain sera meilleur qu'aujourd'hui."
Comme toutes les autres grandes villes du pays, le coronavirus met à rude épreuve ce système d'associations et de ressources caritatives sur lesquelles les sans-abris comptent pour vivre un minimum. Si certaines files diminuent, d'autres risquent plus que probablement de s'allonger. Bref, la crise sociale est bel et bien à nos portes.