Les résultats des élections législatives anticipées en France, qui a donné le parti d'extrême droite Rassemblement national vainqueur au premier tour, à 33% des voix, suscitent des réactions côté belge francophone.
Georges-Louis Bouchez (MR) a renvoyé dos-à-dos le RN et La France Insoumise, le parti de Jean-Luc Mélenchon membre du Nouveau Front populaire. Chez les Engagés, Maxime Prévot a appelé à faire barrage à l'extrême droite "sans tergiversation".
Le Nouveau front populaire est né dans l'urgence après la dissolution de l'Assemblée nationale française. L'alliance de la gauche réunit le Parti socialiste, le Parti communiste, les Ecologistes, La France insoumise (LFI) et le parti de Raphaël Glucksmann, Place publique. Le Nouveau front populaire est arrivé deuxième, à 28% des voix, devant le camp présidentiel (20%).
Les appels au désistement des candidats arrivés troisièmes se multiplient en vue du second tour, dans le but d'éviter la dispersion des voix et de faire barrage au RN. Toutefois, certaines personnalités refusent d'appeler à voter pour les candidats La France Insoumise, qu'ils assimilent à un parti extrême aussi dommageable que le Rassemblement national.
Le président du MR Georges-Louis Bouchez a estimé que LFI ne pouvait pas être considéré comme un rempart républicain face au RN. "Les candidats arrivés en troisième position face à ces deux populismes extrémistes sont eux les seuls remparts démocratiques", a-t-il écrit sur X.
Maxime Prévot, président des Engagés, qui devrait s'allier au MR dans un futur gouvernement wallon, n'est pas sur la même ligne: "Face à l'extrême-droite il n'y a aucune tergiversation à adopter : il faut lui faire barrage en s'assurant que le candidat le mieux classé parmi les autres partis soit soutenu par tous les autres", a-t-il réagi auprès de Belga.
L'élu européen des Engagés, Yvan Verougstraete, a également appelé à bloquer le RN. "LFI est un adversaire politique dangereux, mais la priorité absolue est de faire barrage au fascisme", a-t-il souligné.
La veille, son prédécesseur Benoît Lutgen avait dénoncé l'ambiguïté "indigne et inacceptable" de François Bayrou, le nouveau partenaire des Engagés au niveau européen. "Beaucoup de Français seraient totalement désespérés de retrouver un choix entre le RN et LFI", avait affirmé Bayrou sur TF1, lui qui se présentait au sein de la formation Ensemble emmenée par Emmanuel Macron. Il a appelé à évaluer au cas par cas les désistements éventuels.
De son côté, l'Engagée Catherine Fonck a relevé dimanche soir que "63% des Français" avaient voté pour "les extrêmes" au premier tour, reléguant l'ensemble du Nouveau front populaire à l'extrême gauche.
Pourtant, le Conseil d'Etat français avait estimé en mars que la France insoumise, tout comme le Parti communiste français, faisaient partie du bloc "gauche" dans l'échiquier politique et non de l'extrême gauche. Le RN, lui, est bien à classer à l'extrême droite.
Des réactions sont aussi venues de la gauche belge francophone: Paul Magnette (PS) a ainsi regretté un "tournant historique dans le paysage politique" avec la victoire du RN au premier tour. "On le voit pourtant malheureusement dans plusieurs pays européens : là où l'extrême droite progresse, les libertés régressent."
Rajae Maouane, coprésidente démissionnaire d'Ecolo, a salué "le courage des démocrates et leur appel à voter pour qui peut encore battre la xénophobie et la misogynie du clan Le Pen".
Pour Raoul Hedebouw, président du PTB, les résultats sont à attribuer aux "sept années de politiques anti-sociales et autoritaires du président Macron". Opposer les candidats du Nouveau Front populaire et le RN équivaut à "faire le jeu de l'extrême droite", selon lui.
Le second tour des élections aura lieu dimanche 7 juillet en France.