Les vétérinaires sont très inquiets suite à la nouvelle organisation de l’expertise des animaux de boucherie : « le bien-être animal, la sécurité alimentaire et l'économie sont en péril ».
L'inquiétude règne chez les CDM (Chargés De Mission), c’est-à-dire les vétérinaires indépendants qui effectuent des missions pour l'AFSCA. Selon eux, le bien-être animal dans les abattoirs, la sécurité alimentaire et l'économie belge risquent d'être en difficulté. En cause : la nouvelle organisation de l'expertise des animaux de boucherie, du non-respect des accords et des petites missions déficitaires. VeDa, l'organisation professionnelle des vétérinaires flamands, et son organisation sœur wallonne UPV, l’Union Professionnelle Vétérinaire, tirent la sonnette d'alarme !
L’élément déclencheur, c’est une révision de l’AR Expertise qui est actuellement en cours. Si jusqu'à présent, les abattoirs rémunéraient l'AFSCA pour la réalisation de l'expertise par les CDM en fonction du nombre d'animaux et du rythme d'abattage, à l'avenir le paiement sera basé sur le nombre de CDM présents dans l'abattoir pendant l'abattage. Et ça change la donne ! Car pour des raisons économiques, le secteur des abattoirs s'efforce de maintenir un nombre minimum de CDM dans l'abattoir. De leur côté, les associations professionnelles de vétérinaires s'y opposent évidemment.
« La réduction du nombre de CDM sur la ligne d'abattage entraînera une charge de travail plus élevée et un éventuel impact négatif sur la sécurité alimentaire », indiquent les organisations professionnelles VeDa et UPV. L'AFSCA déclare que suffisamment de CDM doivent être présents pour garantir la sécurité alimentaire, mais cela n'a pas encore été concrétisé.
Les vétérinaires fuient le milieu
Pour le moment, les CDM continuent de surveiller jusqu'à ce que le dernier animal soit étourdi et saigné. À l'avenir, une grande partie de cette surveillance ne sera assurée que par les employés de l'abattoir lui-même. « Le passé prouve que cela ne marche pas… »
« Dans tous les pays voisins, les rémunérations des vétérinaires indépendants sont supérieures de 50 à 75 %. Pour cette raison, de nombreux vétérinaires frontaliers choisissent de faire le même travail de l'autre côté de la frontière. »
Conséquence : le nombre de vétérinaires qui veulent travailler comme CDM diminue visiblement ! Selon un communiqué, la réglementation européenne impose la présence de vétérinaires lors de l'abattage et pour un grand nombre de certifications d'exportation. Les CDM sont également tenus d'être très flexibles, ce qu'ils ne peuvent garantir que grâce à leur statut d'indépendant.
Une décision doit être prise du côté du cabinet du ministre Clarinval pour empêcher la pénurie et la diminution du nombre de travailleurs dans ce milieu, mais le ministre ne reçoit pas les vétérinaires, ce qui inquiète davantage le secteur.
« Cela nous surprend, car d'autres parties prenantes ont été entendues. Nous craignons donc que nos arguments ne soient pas pris en compte et regrettons que nous soyons apparemment 'quantité négligeable' pour le ministre concerné », ont indiqué les organisations professionnelles. « La politique projetée augmente le risque d'incidents impliquant le bien-être animal et la sécurité alimentaire, et conduira inévitablement à de graves problèmes pour l'économie belge et les exportations. »
Source : communiqué de presse
A.P.