Mercredi prochain, le Tribunal de Charleroi aura officiellement une nouvelle présidente: Martine Michel, une vraie carolo qui est surtout connue comme juge d’instruction pour l’affaire des Tueurs du Brabant. Elle a décidé de ne pas lâcher le dossier et se fait forte de le mener en parallèle avec ses nouvelles fonctions. Un défi qui n’effraye pas cette femme plus que dynamique.
Une carolo pour diriger le Tribunal de Charleroi
C’est une vraie carolo qui va diriger le Tribunal de Charleroi. Martine Michel est née et a fait ses primaires et ses humanités dans la métropole. Et après ses études de droit, en 85, elle intègre le barreau de Charleroi pour sept ans. Ensuite, substitue au parquet de Charleroi pour sept ans. Et puis, Juge au Tribunal de Première Instance de Charleroi, avant d’être nommée à l’instruction. Elle sera ensuite vice-présidente du tribunal de Charleroi. Avant maintenant de présider le tribunal carolo dès le 17 juin.
« C’est une vraie fierté pour moi d’avoir un rôle dans ce tribunal dans une région dont je suis issue et que je connais particulièrement bien », nous déclare Martine Michel.
Crise sanitaire et crise de financement de la Justice
Le Tribunal de Charleroi (la plus grosse division du Tribunal de Première Instance du Hainaut), ce sont près de 200 employés et plus de quarante magistrats. C’est donc un travail de management, mais dans le domaine de la justice. Un tout autre travail. D’autant qu’elle prend ses fonctions dans le contexte difficile de la crise sanitaire.
« Mais cette crise sanitaire s’inscrivait elle-même dans une crise de la Justice, avec des moyens défaillants et une impression d’être laissés à l’abandon », poursuit la nouvelle présidente du Tribunal de Charleroi.
Les maître-mots de Martine Michel seront la communication et la disponibilité. Et elle sait qu’elle aura énormément de travail pour obtenir des moyens pour la Justice.
Elle reste juge d’instruction pour les Tueurs du Brabant
Mais elle ne lâche pourtant pas le dossier des Tueries du Brabant en tant que juge d’instruction. L’AFFAIRE belge du siècle. Entre 1982 et 85, des tueurs méthodiques braquent des Delzhaize en Brabant Wallon, faisant une trentaine de morts. Avec une violence inouÏe.
« Pour les trois derniers faits qui ont causé le plus de morts, raconte Martine Michel, sur les parkings des grands magasins, avant de commettre les hold-up, on tirait et on tuait des innocents. Ce n’est pas pour protéger leur fuite qu’ils ont tiré sur les gens. C’est donc assez particulier comme modus operandi. C’est extrêmement violent puisqu’il y a eu de nombreux morts dont des femmes et des enfants. Des gens innocents dont on avait l’impression qu’ils avaient été tués sans raison, sans mobile. »
Aucune arrestation n’a eu lieu jusqu’ici. Mais l’ADN relance l’enquête. Martine Michel tenait à garder ce dossier.
« J’avais d’abord fait une promesse aux victimes, conclut Martine Michel. Celle d’achever ce dossier et d’aller jusqu’au bout de tout ce qu’on pouvait faire. Et espérer encore aujourd’hui trouver une vérité judiciaire à cette affaire. Et si je pouvais un jour apporter une solution aux victimes, ce serait la plus grande fierté de ma vie. J’ai une énergie et une force de travail qui me permettent d’assumer les deux fonctions très aisément. »
Et de l’énergie, cette fana de jogging, n’en manque pas. Elle tient à continuer à défendre ses dossiers avec autant de rigueur que de vigueur.