C’était le 25 janvier 2020 et une manifestation dénonçant une réunion d’un groupe d’extrême droite avait dégénérée à Gilly. Pour disperser les manifestants, la police avait alors eu recours aux bombes lacrymogènes et à la matraque. Des mesures disproportionnées qui ont fait l’objet d’un rapport demandé par Paul Magnette dans la foulée des heurts.
Ce rapport est sorti la semaine dernière et a été rédigé par l’inspection générale de la police fédérale et locale dans lequel on pouvait lire ces conclusions:
« La dispersion n’était pas opportune, proportionnelle et légitime. »
« Les différents mode d’action et l’usage de la contrainte ont ainsi engendré un sentiment de provocation policière »
« L’usage du spray collectif, moyen purement défensif, doit rester limité aux situations de violence collective grave et ne peut, en principe, pas être utilisé de manière réactive pour appuyer un refoulement »
La conseillère communale Latifa Gahouchi était sur place lorsque la manifestation a dérapé. « Je ne suis pas là pour juger le bourgmestre ni la police, explique-t-elle, ce que je demande aujourd’hui, et je le ferai au conseil communal de lundi prochain, c’est de savoir les conséquences de ce rapport, quelles instructions ont été données à la police afin que des violences policières ne se reproduisent plus ? »
Le rapport recommande la mise en place de réunions, de concertation, la réalisation d’une analyse de risques opérationnelles ou encore la mise en oeuvre de moyens policiers de manière graduelle. Pour l’opposition, c’est le bourgmestre le grand fautif. « Le rôle du bourgmestre est de dresser le cadre, rappelle Nicolas Tzanetatos, conseiller communal. Quand on sort du cadre, on est en infraction et les policiers doivent joueur leur rôle. Quand on reste dans le cadre, les policiers sont au courant et n’interviennent pas. Aujourd’hui, ce que l’on peut pointer du doigt, c’est la responsabilité du bourgmestre. »
Il faut donc tirer des leçons de ce rapport pour éviter que ce genre d’événement se produise à nouveau. « Le rapport indique bien que le flou général a contribué à ce que l’ordre soit donné de manière aléatoire et donc la question est la suivante: comment se fait-il que le bourgmestre tolère une manifestation, n’organise pas la coordination, n’est pas présent le jour des faits, n’est pas joignable et n’organise pas de débriefing avec sa zone de police pour comprendre exactement ce qu'il s’est passé ? », s'interroge la conseillère communale du PTB, Pauline Boninsegna.
Nous avons contacté le cabinet du bourgmestre pour une demande d’interview qui nous invite à venir assister au prochain conseil communal. Paul Magnette donnera alors des explications suite à ce rapport publié et détaillera aussi les mesures qui seront prises pour éviter ces dérapages.