Le parquet de Namur a requis jeudi devant le tribunal correctionnel jusqu'à neuf ans de prison à l'encontre de dix prévenus. Ceux-ci devaient notamment répondre de vols de véhicules, de tentatives de vol, de recel, faux et usage de faux et de participation aux activités d'une organisation criminelle.
Les faits ont été commis dans les arrondissements de Namur et Dinant, mais aussi ailleurs en Belgique et en France, entre le 17 juillet 2022 et le 5 septembre 2023. Les prévenus volaient uniquement des Peugeot 3008 et 5008, via un modus operandi appelé "keyless". Au moyen d'un amplificateur d'ondes et d'un piratage informatique, ils dérobaient les véhicules après les avoir déverrouillés sans commettre d'effraction. Les voitures étaient ensuite stockées, puis acheminées vers la Pologne, où elles étaient revendues.
Un véhicule qui circulait avec une plaque radiée a attiré l'attention. Il a pu être associé à des vols de voitures commis à Ciney et Hamois. Les images des caméras ANPR, des images de vidéosurveillance, des observations et l'analyse de la téléphonie ont permis d'établir la présence des prévenus sur les lieux des vols ou sur des sites d'entreposage à Nivelles, Quévy, Charleroi ou Bomal. Des perquisitions avaient été menées le 15 juin 2023.
"Les vols ont été commis dans des zones et dans des périodes rapprochées, ce qui a mis les enquêteurs sur la piste d'une organisation criminelle. Et tout le matériel nécessaire à maquiller les voitures et à commettre les vols a été découvert lors de perquisitions chez les prévenus", a indiqué le substitut Émilie de Fays.
Celui qui est considéré comme le dirigeant de l'organisation criminelle reconnaît 38 vols, une tentative de vol, 19 recels, des faux et l'usage de faux relatifs à divers documents et à des numéros de châssis. "J'ai été garagiste pendant cinq ans. J'avais investi beaucoup de temps, d'argent et d'énergie et j'ai finalement fait faillite. Je me suis laissé attirer par l'appât du gain, je me suis enfoncé, j'ai fait pire que mieux. J'ai commencé par un fait, puis je n'étais plus maître de la situation", a expliqué le prévenu.
Une quinzaine de parties civiles, dont différentes compagnies d'assurances, se sont constituées dans le cadre du dossier.
Pour le parquet de Namur, le substitut Émilie de Fays a évoqué un dossier épais d'une dizaine de cartons. L'enquête a été menée par la police judiciaire fédérale de Namur, à temps plein, pendant deux ans.
Le substitut a souligné les rôles bien définis des prévenus, certains étant des intermédiaires indispensables pour commettre les vols, comme celui qui fabriquait de nouvelles clefs pour 50 euros. D'autres touchaient 1.000 euros par véhicule volé. La filière de maquillage et d'écoulement était également bien rodée. Des "tutos" circulaient entre les différents auteurs afin de faciliter les vols ou de réaliser de faux papiers.
"C'était une véritable entreprise qui avait été mise sur pied. Les petites mains étaient envoyées sur le terrain par le dirigeant qui restait dans l'ombre. Il disait qu'un gitan se trouvait encore au-dessus de lui. Cela n'a jamais été avéré", a-t-elle ajouté.
Neuf ans de prison sont requis à l'encontre du dirigeant de l'association, cinq ans de prison sont réclamés pour deux des prévenus et les autres peines requises varient entre quatre ans d'emprisonnement et une peine de travail.
La confiscation de l'actif illégal engrangé, le produit de la vente des voitures, dépasse le million d'euros. Le parquet demande que les confiscations soient proportionnelles à l'implication des différents prévenus dans les faits commis.
Les conseils des prévenus ont pour la plupart contesté l'existence d'une organisation criminelle dans le chef de leurs clients. Me Preumont plaide une peine ne dépassant pas cinq ans, et pouvant donc être assortie d'un sursis, pour son client, dirigeant de l'association de malfaiteurs.
Jugement le 10 octobre.