Une peine de 8 ans de prison ferme a été sollicitée par le parquet mercredi, au tribunal correctionnel de Charleroi contre une mère de famille suspectée d'être impliquée dans le décès de sa fille âgée de 7 ans, le 12 avril 2018 à Chimay. La victime a été intoxiquée à la méthadone.
Le 12 avril 2018, à 13h05, les secours constatent le décès d'une enfant de 7 ans au domicile de son père, rue de l'Athénée à Chimay. Étant donné la nature suspecte du décès d'une enfant de cet âge, le parquet de Charleroi est avisé des faits et descend sur les lieux. Les premiers éléments laissent penser à la justice que la mineure s'est étouffée dans son sommeil, avec ses reflux gastriques. Depuis deux jours, cette dernière souffrait d'une sévère gastroentérite.
Les enquêteurs jugeant étonnant qu'elle ne se soit pas réveillée lors de ses vomissements, l'enquête s'oriente vers une autre cause.
La mère de l'enfant et son ex-compagnon sont en outre connus pour leur addiction à la cocaïne et à l'héroïne et sont traités, pour soigner cette dépendance, à la méthadone.
Les analyses toxicologiques ordonnées par la justice révèlent que l'enfant est décédée d'une asphyxie respiratoire à la suite de la prise de cette substance. "La concentration de méthadone découverte dans son organisme est énormissime : 552 mg/l. À titre de comparaison, un profond héroïnomane peut voir sa dose de méthadone atteindre maximum 750 mg/l", a rappelé le parquet à l'audience. Selon les experts, la prise de méthadone aurait eu lieu la matinée du décès, entre 9h30 et 10h30.
Pour l'autorité judiciaire, la quadragénaire est à l'origine de l'administration de méthadone à sa fille. Une peine de 8 ans de prison, avec une requalification des faits en administration volontaire d'une substance nocive, toxique de nature à porter atteinte à la santé de la victime ou à lui donner la mort est requise. La prévenue conteste les faits, "affirmant ne pas avoir donné le moindre médicament à sa fille le matin de son décès".
Me Brocca, à la défense, a plaidé un acquittement au bénéfice du doute "plus que raisonnable" pour sa cliente. Selon l'avocat, trois thèses sont possibles. "Soit la méthadone a été administrée par le papa, soit par la maman ou elle a été ingérée par l'enfant. Quelle aurait été la position du ministère public si le papa était encore en vie ? C'est un suicide. Mais est-ce un geste de tristesse ou d'un sentiment de culpabilité ?"
Le père de la victime s'est donné la mort quelques jours après le décès de sa fille.
Jugement attendu pour le 11 septembre prochain.