Les faits remontent au 9 mai 2016. La petite Ciena, âgée de 14 semaines, fréquente la crèche Dourlet depuis maintenant 9 jours. Ce lundi-là, il faisait chaud. Trois puéricultrices gèrent la dizaine d’enfants présents. Ciena est la plus jeune d’entre eux, mais aux alentours de 15h45, l’enfant est retrouvé sans vie dans son lit et sur le ventre. C’est à partir de là que l’enquête débute et 6 ans après, les parties se retrouvent au tribunal correctionnel de Charleroi.
Ce mercredi matin, les trois puéricultrices présentes lors du décès de Ciena se sont rendues devant le tribunal correctionnel de Charleroi pour répondre de non-assistance à personne en danger. Après 6 ans d’enquête, les parents veulent enfin connaître la vérité. « J’espère que la justice fera prendre aux puéricultrices leurs responsabilités face au décès de Ciena, explique Larissa, la maman de l’enfant. Ce sont toutes les négligences accumulées qui ont conduit au décès de Ciena. Ça fait 6 ans qu’on attend des réponses. »
Une à une, les puéricultrices passent à la barre. Le tribunal tente alors de retracer la chronologie des événements, mais 6 ans après les faits, « on ne se souvient plus » ou bien « on a oublié ».
« Les prévenues racontent ce qu’elles veulent raconter, libre après au tribunal de les croire ou pas. Il y a un dossier, une enquête, des témoins qui ont été entendus, des expertises médico-légales ont eu lieu et des éléments scientifiques.Il va falloir que ces personnes fassent face à ces éléments de réalité », rappelle Me Lauvaux, l’avocat des parents de Ciena.
Qui a mis Ciena sur le ventre ?
Lorsque Ciena a été mise dans son lit, elle était couchée sur le dos, car il était indiqué dans son dossier qu’elle régurgitait beaucoup. Mais lorsque l’une des prévenues est allée voir l’enfant, Ciena se trouvait sur le ventre. Et une tache de sang était apparue sur le drap, qui a aussitôt été nettoyé. Certaines zones d’ombre sont à éclaircir. « Il n’y a pas eu de bienveillance à partir du moment où je l’ai déposée. J’ai l’impression d’avoir déposé un paquet », confie la maman de Ciena.
Face à toutes ces incertitudes lors de l’instruction d’audience, le tribunal correctionnel a décidé de reporter le dossier avec une possible requalification des faits.
« C’est le tribunal qui a estimé qu’il fallait qu’on puisse défendre nos clientes et que les parties civiles puissent donner leur point de vue ainsi que le procureur du Roi sur trois autres préventions: l’homicide involontaire, le délaissement d’un mineur et la privation de soins », explique Me Céline Josse, l’avocate d’une des prévenues.
Beaucoup de questions restent encore en suspens. Un délai de conclusion a été arrêté au 26 avril pour permettre aux parties d’aboutir sur une possible requalification des faits. Le 17 mai prochain est prévu l'examen du dossier.
O.Boh