Le procès de Benoît Corman et d'Assumpta Nsimyumuremyi se poursuit mardi devant la cour d'assises du Hainaut à Mons. Le Carolorégien et la Belge d'origine rwandaise sont accusés du meurtre de Maria Isabel Alarcia Sanz, commis le 9 juillet 2021 à la rue des Roseaux à Gosselies.
Mardi matin, la cour a auditionné les psychiatres et psychologues désignés par le juge d'instruction dans le cadre de l'enquête.
L'examen effectué sur Benoît Corman conclut à une responsabilité des actes commis. L'accusé, enfant non désiré par ses parents agriculteurs, a mené une vie de bâton de chaise. Il ne souffre d'aucun retard mental, mais son niveau intellectuel n'est pas des plus élevés. Les experts ont identifié un retard des apprentissages.
L'alcool est le gros problème de Benoît Corman, lequel a déclaré lundi qu'il buvait depuis l'adolescence. Une prise en charge médico-sociale est conseillée pour celui qui est décrit comme impulsif, irritable et agressif. Les experts ont relevé des traits antisociaux lors de l'examen: "il a une difficulté générale à se conformer aux normes sociales".
Assumpta Nsimyumuremyi a, elle, grandi dans un pays en guerre. Une partie de sa famille a disparu dans le génocide rwandais. Toutefois, aucun stress post-traumatique n'est mis en évidence. Elle aussi consommait énormément d'alcool et a été hospitalisée, à plusieurs reprises, dans des centres psychiatriques de la région de Charleroi.
L'accusée ne souffre d'aucun retard mental, ni d'aucun trouble la rendant irresponsable de ses actes. Elle est présentée comme une personnalité assez théâtrale, borderline, instable dans ses relations, impulsive, superficielle, narcissique, ce qui provoque chez elle des changements d'humeur.
Assumpta Nsimyumuremyi a donné un petit aperçu de son côté théâtral, lundi, lors de l'instruction d'audience. Elle est volubile. Un expert parle même d'une "diarrhée verbale". Un suivi médico-social est préconisé par les experts.
Ceux-ci n'ont relevé aucune jalousie chez elle envers le coaccusé. Enfin, ils relèvent une capacité de passage à l'acte et de transgression. "Elle n'a, toutefois, aucun antécédent judiciaire au moment des faits à presque quarante ans", relève son avocat.
Les experts ont aussi effectué une analyse systémique. "C'est un couple circonstanciel, lié autour de l'alcool et de la précarité, qui n'a aucune règle commune partagée. L'alcool entraîne une érosion de l'empathie, ce qui provoque des tensions entre eux. On les décrit comme deux âmes en errance, blessées, qui essayent de se nourrir l'un de l'autre pour se réparer, alimentant en même temps la dimension autodestructrice. C'était un couple à trois, avec l'alcool."
L'expert en génétique a relevé le profil ADN d'Assumpta Nsimyumuremyi sur les vêtements de la victime. Il n'en retire aucune conclusion, car l'accusée vivait chez la victime.
Lundi, Benoît Corman a avoué être l'auteur du crime. Il déclare que sa compagne a préalablement frappé la victime, ce qu'Assumpta conteste.