Les pratiques des enseignants de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont beaucoup changé depuis la pandémie et les inégalités scolaires se creusent. C’est ce qui ressort d’une enquête de chercheurs de l’UMons. Mais qu’en est-il dans notre région? La réponse à Châtelineau et à Farciennes.
La rentrée scolaire en septembre 2020 a un tournant dans les pratiques des enseignants à cause de la pandémie. Si 88,7% des enseignants avaient hâte de reprendre les cours en présentiel, ils se sont vite rendu compte que sur le terrain il a fallu s’adapter et ce dès la 1ère primaire.
"On a dû adapter la pédagogie. Dès le début du mois de septembre, on a dû remettre en place des ateliers un peu comme en maternelle pour combler les manquements. Cela a posé pas mal de soucis. Je pense que les parents étaient démunis face à la matière à voir et n'ont pas su combler le manque scolaire dû au confinement. Aujourd'hui, au mois de janvier, on voit qu'il y a eu des manquements de mars à juin" explique Madame Jennifer, enseignante en 1ère primaire à l'école Waloupi de Farciennes.
Le port du masque rend l'apprentissage de la lecture difficile
Le masque est perçu comme contraignant par 72,1% des enseignants ayant participé à l’étude de l’UMons. Un sentiment d’autant plus fort pour les enseignants du primaire. Le port du masque complique l’apprentissage de la lecture.
"Avec le port du masque, les enfants ne nous comprennent pas toujours très bien. A Farciennes, il y a déjà le souci que la langue françaises n'est pas toujours la langue maternelle pour la plupart. De ce fait, le masque est une barrière par rapport au langage. Au niveau de l'apprentissage de la lecture, les enfants ne voient pas comment ils doivent mettre leur langue correctement pour prononcer un son ou une lettre. Cela pose vraiment problème" ajoute Madame Jennifer.
92% des professeurs estiment que les inégalités scolaires sont plus marquées
Du côté des écoles secondaires, c’est l’enseignement hybride qui pose problème puisqu’il a fallu se réinventer de A à Z. Les cours à distance et en numérique sont utilisés à 50% du temps. Ce qui marque davantage les inégalités selon 92% des enseignants.
"C'est la 1ère fois que l'on se retrouvait avec des classes gigantesques, des élèves proches les uns des autres et avec du matériel qui ne peut pas passer entre eux. Moi qui utilise beaucoup de manuels avec des documents à analyser au quotidien, je me retrouve à tout devoir photocopier ou à tout projeter. Quand c'est en distanciel, c'est compliqué. Les élèves doivent suivre sur un même écran ou bien le professeur ou bien le document qui a été fourni de manière numérique. Et s'ils n'ont qu'un smartphone, c'est très compliqué. On ne peut pas suivre chacun selon ses capacités" confie Geoffrey Boisdenghien, professeur d'histoire au collège Pie 10 à Châtelineau.
Certains élèves décrochent complètement par manque de moyens techniques ou de motivation.
"On utilise beaucoup Classroom ici. Les élèves n'ont pas tous le réflexe de se connecter le matin pour voir ce qu'ils doivent faire pour l'heure de cours, répartir leur travail sur la journée pour ne pas empiéter sur l'un ou l'autre professeur et les professeurs ont dû mal à calibrer le temps des exercices" détaille le professeur d'histoire.
Cette étude a été menée sur 518 questionnaires remplis du 30 septembre au 7 novembre. L’UMons espère pouvoir mener une 3ème enquête sur l’évolution de ses pratiques.
Plus d'informations sur l'étude de l'UMons dans notre article : Une nouvelle étude révèle les impacts de la Covid sur les enseignants et élèves