C’est un conseil national de sécurité sous haute tension qui était annoncé ce mercredi. Au programme de nos décideurs, la bulle sociale, les rassemblements, le port du masque dans les lieux peu fréquentés, la durée de la quarantaine et la gestion des rassemblements publics. A 14h15 tapante, la première ministre, la MR Sophie Wilmès fait face à la presse souriante et décontractée, avec une question : "Comment pouvons nous doucement retourner vers une situation la plus normale possible tout en ayant le coronavirus parmi nous ?"
Depuis trois semaines, chiffres à l'appui, la Belgique comme de nombreux autres pays en Europe fait face à un rebond de l'épidémie. Si on ne parle pas encore de seconde vague, les chiffres tantôt affolent, tantôt font débat. Dans ce contexte sanitaire fragile, le Conseil national de sécurité (CNS) de ce mercredi risquait d'être tendu partagé entre prudence, "gestion des risques" comme l'a rappelé la première ministre lors du dernier CNS, et ras-le-bol des citoyens. L'objectif étant cette fois de travailler sur du long terme, avec des mesures supprimées car intenables ou inutiles et des mesures confirmées voire de nouvelles mesures.
Non sans avoir retapé le clou des six règles d'or en affirmant que "quelques moments d'inattention ne valent pas la peine de se mettre en danger et de mettre en danger les personnes que nous aimons", la première, la MR, Sophie Wilmès, a énuméré les nouvelles mesures, les mesures aménagées et les mesures supprimées.
Les rassemblements : enfin un peu de lest !
Pour les évènements privés ou en rue, la règle reste celle des 10 personnes maximum sans compter les enfants.
Pour les évènements organisés plus importants comme des mariages, ou autres fêtes, il n'y a pas de limite maximum d'invités. Tout dépendra de la capacité de l'établissement qui accueille cette manifestation, les règles sont donc les mêmes que celle de l'Horeca. Le protocole devra être appliqué à la lettre.
Les soirées dansantes ne sont toujours pas permises.
Pour les évènements publics, pas de changement : 200 personnes sont toujours autorisées pour les événements en intérieur et à 400 personnes pour ceux à l’extérieur. Toutefois, une concertation avec les secteurs aura lieu rapidement pour permettre à ces secteurs de se relever après la pandémie.
La quarantaine ramenée à 7 jours
La quarantaine parfois difficile à avaler pour certains belges est aussi remise en question. Certains universitaires pensent, notamment, que 14 jours c'est trop long après un retour de zone rouge. Sept jours seraient amplement suffisants.
Le Conseil national de sécurité a donc entendu les appels du monde scientifique universitaire puisque la période de quarantaine a été ramenée à 7 jours. Et cela sera effectif dès le 1er octobre.
Et pour savoir si vous êtes ou non dans une situation de quarantaine, la capacité de traçage et de testing sera augmentée (70 à 90 000 tests/jour) afin de conserver l'adhésion de la population peut encline sans doute à se faire tester à l'heure actuelle, au vue des délais de rendez-vous imposés aujourd'hui, jusqu'à 9 jours parfois.
La capacités de testing existante sera donc renforcée et de nouveaux centres de testing créés. Une plateforme sera aussi créée pour la prise de rendez-vous afin de dispatcher les demandes à travers les centres disponibles.
Pour alléger le travail des médecins, des médecins par ailleurs à bout, d'autres professionnels de la santé pourront délivrer les certificats nécessaires au testing. Le patient pourra aussi avoir accès plus rapidement à ses résultats via internet. D'autres part, l'application corona alert sera effective à la fin de ce mois.
Les call-center ont d'ailleurs appris qu'une centaine de personnes en plus allaient être engagées, comme c’est le cas à Entra à Heppignies, l’un des trois centres de Contact Tracing wallons.
La bulle sociale : peu de changement
La première ministre a rappelé que la règle générale permet de voir toutes les personnes que nous souhaitons, partout, à condition de respecter les distances sociales et/ou de porter le masques, avec un maximum de 10 personnes au même moment, au même endroit.
Pour les personnes les plus proches, seuls 5 contacts sont permis hors foyer par mois. Des personnes que nous pouvons enlacer, avec qui nous pourrons boire un verre et manger sans respect des distanciations. Mais ces contacts ne sont pas obligatoires ajoute la ministre avec un léger rictus, et de préciser : "voyez qui vous voulez en respectant les distances de sécurité ou avec un masque et évitez autant que possible les contacts rapprochés"
Un baromètre de la situation sanitaire régionale et provinciale
Un baromètre sera également mis en place pour déterminer le niveau de gravité de la situation épidémique et se basera principalement sur la situation des hôpitaux. En fonction de ce baromètre, les mesures seront adaptées. Ce nouveau baromètre sera prospectif et pourra permettre d'établir des prévisions d'actions.
Dans 15 jours, un comité de concertation se réunira pour adapter le cas échéant les mesures émises aujourd'hui. L'idée est en fonction de l'évolution de la situation sur le territoire de pouvoir donner des perspectives et un peu de stabilité aux différents secteurs que sont l'enseignement, la culture et tous les secteurs en attente.
Le port du masque n'est plus obligatoire dans certains lieux
Dès le 1er octobre, le port du masque, ne sera plus obligatoire à l'extérieur sauf dans les lieux forts fréquentés déterminés par les autorités locales. Le masque reste de rigueur dans les lieux couverts TEC, magasins et cinéma par exemple.
La ministre ne s'est pas exprimée sur le port du masque dans l'enseignement secondaire, le débat devra donc probablement avoir lieu au niveau des régions et en fonction du nouveau baromètre qui sera bientôt mis en place.
Voyager par temps de Covid
A partir de ce vendredi 25 septembre, les conditions de voyage en zone rouge changent également. Une initiative du ministre Philippe Goffin (MR). Dans quelques jours, il ne sera donc plus interdit mais fortement déconseillé de se rendre en zone rouge. Les belges risquaient gros en effet soit une peine d'emprisonnement de 8 jours à trois mois, ou une amende pouvant aller jusqu'à 500 euros, voire les deux.
Cette nouvelle formulation lève donc les possibles sanctions, mais pas les contraintes du retour en Belgique. Ainsi, le Passenger Locator Form (PLF) reste obligatoire. Par contre, les voyageurs de retour de zone orange ne sont plus obligés de se faire tester, ceux issus de zone rouge par contre doivent respecter la quarantaine de 7 jours et le testing, ils peuvent toutefois se soustraire à la quarantaine et au dépistage en remplissant un formulaire d'auto-évaluation.
L’exception reste de mise pour les voyages dits essentiels, professionnels, de 48 heures maximum, au terme desquels ni dépistage ni quarantaine ne sont obligatoires.
Le ministre des Affaires étrangères a expliqué cette nouvelle mesure par la nécessité d’aligner la pratique de la Belgique sur celle des autres États membres de l’Union européenne. Mais le gouvernement aura sans doute aussi cédé à la pression des voyagistes qui avaient manifesté leur mécontentement sur le tarmac de l'aéroport de Charleroi notamment.
D’autre part, aucun PV n'a pu réellement être dressé face à l'ampleur et à la difficulté de la tâche.
La première ministre a conclu en encourageant les belges à maintenir l'effort. La mesure qui permettra de revenir à une situation proche de la normale consiste selon elle, à respecter les 6 règles d'or qui "ne deviennent plus alors un frein mais une manière de contrer le virus à terme".
Vous pouvez revoir l'entièreté de la conférence de presse