Vous avez peut-être remarqué ce bel ensemble de vitrines au pied de la rue de Montigny. La bijouterie Polomé a trouvé un nouvel écrin depuis un an. Mais son histoire ne date pas d'aujourd'hui. En 1953, Guy et son épouse Charlotte se lancent dans cette aventure familiale qui en est à sa troisième génération. Pour fêter les 70 ans de la Joaillerie, Baptiste, le petit fils, a demandé à l'artiste et architecte belge Charles Kaisin de lui proposer une création originale.
Baptiste Polomé nous accueille dans son nouveau temple. Un espace immense au centre duquel trône une imposante table percée de quelques arbres. Un décor original, mais éphémère, il nous dira plus tard pourquoi. En attendant, il nous explique comment l’histoire a commencé.
« Mes grands-parents en 1953 se sont installés à la rue de Marcinelle. Mon grand-père était joaillier, horloger de formation et avec ma grand-mère, ils ont ouvert un magasin puis un deuxième et un troisième. Ils ont ensuite migré vers la rue de Dampremy où ma tante a repris le magasin pour la deuxième génération. Il y a 5 ans, c’était mon tour et nous avons déménagé ici à la rue de Montigny, il y a un an."
Dans cet espace plus grand et plus confortable, les vitrines rutilantes sont mises à l’honneur. L’endroit est lumineux, voire scintillant.
Un nouvel écrin pour la bijouterie
Il suffit de pousser une porte dans le fond du magasin pour se retrouver dans l’atelier. Où, forte de cette main-d’œuvre qualifiée, la boutique crée de nombreux bijoux bien sûr, mais n’hésite jamais à remettre au goût du jour certains modèles, revenus du passé
Baptiste qui a extrait une jolie bague aux reflets bleutés d'une vitrine, explique d’ailleurs l’origine de celle-ci à sa cliente.
« C’est une bague que mon grand-père a créée. Vous avez un saphir de Ceylan en taille émeraude au centre. 4 saphirs en taille triangle qui remplacent les griffes. L’idée c’est de sublimer les diamants qui se trouvent tout autour. C’est un modèle qui fonctionne toujours très bien. Il traverse les années avec son esprit et son aspect Art déco. »
70 ans, une longévité taillée dans le roc
Pour fêter les 70 ans de création de la boutique, Baptiste a fait appel à un ami de la famille, une perle rare, l’artiste Charles Kaisin.
C’est lui qui a imaginé le décor éphémère de la boutique, mais il a surtout créé pour l’occasion un bijou d’exception présenté à l’occasion de repas surréalistes, dont seul cet artiste a le secret.
Charles Kaisin connaissait les grands-parents de Baptiste pour les avoir rencontrés enfant.
« Charlotte va avoir 90 ans et c’est encore une dame qui conduit sa voiture qui est très élégante, elle n’a pas d’âge. Elle est très vive d’esprit et toujours dans le coup, je dirais. Lui, était un homme de forte personnalité, il connaissait son métier et était visionnaire. Il a travaillé des pièces de Jacobsen, il a fait des choses très pointues et ils ont été ensemble précurseurs avec cette volonté de diffuser et de partager. »
L’architecte et designer n’a donc pas hésité longtemps à dire « oui » à Baptiste lorsque celui-ci lui a demandé de participer à la célébration des 70 ans de la maison. L’une des plus anciennes du centre-ville, avec les maisons Van Hoove et Dupuis, notamment.
L’artiste s’est forgé une solide réputation dans le luxe et les bijoux. Il a collaboré avec des marques telles que Hermès, Rolls-Royce, Delvaux, ou encore Pierre Marcolini.
« C’était très troublant, car pour moi, c’était comme un retour en arrière. J’étais d’autant plus honoré de travailler pour Baptiste. Je suis aussi originaire de Charleroi. J’ai eu envie de dessiner une bague qui a pris la forme d’un temple en hommage à ce nouveau magasin dans lequel la bijouterie s’est installée. »
La géométrie, les mouvements, les matières stimulent énormément notre designer belge spécialiste des origamis. Il a également trouvé l’inspiration dans l’ouvrage « Correspondances » de Charles Baudelaire.
« Au niveau de son design, enchaine Baptiste Polomé admiratif, la bague est composée d’un socle et puis de piliers qui font penser à un temple, ponctués par une pierre fine. Le bijou peut aussi être personnalisé en variant les pierres et les trois couleurs d’or. »
Ce bijou qui est presque une œuvre d’art ne sera édité qu’à 70 exemplaires, il n’y en aura donc pas pour tout le monde, mais il est vrai que l’on n’a pas tous les jours 70 ans.