Le Centre fédéral Migration Myria, l’Institut fédéral des droits humains, le Médiateur fédéral, et le Délégué général aux droits de l’enfant tirent la sonnette d’alarme sur la crise de l’accueil des demandeurs d’asile. A Bruxelles, de très nombreux demandeurs d’asile n’ont pas trouvé de place dans les centres d’accueil et dorment dans la rue. A Charleroi, la situation est loin d’être aussi grave. Mais beaucoup trop de migrants se trouvent dans des situations juridiques compliquées et ont du mal à trouver un logement.
Le CPAS ne peut également offrir que du « dépannage »
Des demandeurs d’asile qui logent dans la rue à Bruxelles. Les images sont choquantes. Il y a une vraie crise de l’accueil des migrants en Belgique. Mais Charleroi reste épargné. Chez nous, l’une des premières étapes pour les réfugiés, c’est à l’ADIS, le service d’aide aux étrangers non en séjour définitif.
« Un demandeur d’asile qui arrive à Charleroi, pendant toute sa procédure de demande, est pris en charge par le Fédéral dans un centre d’accueil, explique Derrick Sikubwabo, le responsable de l’ADIS dépendant du CPAS de Charleroi. Lorsque sa procédure arrive au bout et qu’il est reconnu comme réfugié, s’il s’installe à Charleroi, c’est auprès de notre service qu’il doit se présenter pour obtenir les aides qui lui sont dues. Mais s’il n’y a pas de place dans les centres Fedasil, nous ne pouvons légalement rien faire pour le loger. Nous ne sommes pas compétents. On peut juste leur offrir des dépannages en abri de nuit, par exemple. »
Un seul réfugié sans logement selon l’ADIS jusqu'ici
Miguel est le seul réfugié sans logement arrivé à Charleroi jusqu’ici. Il vient d’Angola. Sa demande d’asile a été acceptée le 19 décembre.
« Après ma demande d’asile, j’ai passé la nuit au Samu Social de Bruxelles, explique Miguel. Le soir, il n’y avait plus de place. Et ce soir, je vais dormir à l’abri de nuit de Charleroi pendant trois nuits. Ma situation est difficile parce qu’il n’y a pas de place pour les gens qui demandent l’asile en Belgique. Tu dois chercher toi-même ton logement pour ne pas rester à la rue. On t’héberge une nuit et puis tu dois rester dehors. »
Un vrai problème pour ceux qui ne sont pas en ordre légalement
Samira, elle, est sans papier. Venant du Maroc, ayant eu ses enfants en Belgique, elle est hébergée par la Maison d’accueil le 26 dont ce n’est pas le rôle normalement. Ce refuge pour femmes et enfants ne pouvait normalement pas l’accueillir, malgré le fait qu’elle était battue. Le problème, c’est qu’elle n’avait pas de papier, contrairement à ses enfants.
« Madame n’aurait même pas du arriver ici, explique Lavini Lovo, assistante sociale au 26. Vu son statut, ou son absence de statut, elle ne pouvait pas prétendre être hébergée en maison d’accueil. N’ayant pas de droits sur le territoire, pas de compte en banque, pas de carte d’identité, rien du tout, on est un peu dans une zone nébuleuse de non-droit. »
Il y a des cas où ça se passe bien
Oxana est ukrainienne, elle a obtenu son statut de réfugiée. Elle est venue en Belgique parce qu’elle enseignait le français. Et elle a ensuite décidé de travailler avec le CRIC, le Centre Régional d’Intégration de Charleroi pour aider d’autres migrants.
« Comme ça je peux aider les autres, faire des démarches, téléphoner aux institutions, prendre des rendez-vous, me renseigner et transmettre les informations à mes compatriotes », explique Oxana.
Il reste trop de migrants qui sont hors radar
Pour Oxana, tout va bien, mais de nombreuses personnes sans papiers à Charleroi se trouvent dans ce no-man’s land, cette zone hors tout.
« Ils jonglent d’abri de nuit en abri de nuit ou de connaissance en connaissance, ajoute Lavini Lovo, assistante sociale au 26. Ils ne savent pas se poser et avoir une équipe qui peut les soutenir. »
« Soit ce sont des sans papier, soit des demandeurs d’asile ou des personnes d’origine étrangère qui ont perdu leur maison, ajoute Ferial Fodil, travailleuse sociale au CRIC. Tout le monde sait que les centres sont surchargés. Ils n’ont pas non plus de baguette magique. Donc on essaye de trouver quelque chose pour ces personnes, pour qu’elles ne restent pas à l’extérieur. »
Chez nous, finalement, peu de demandeurs d’asile sont à la rue. Mais pour tous les autres, ceux dont la situation n’est pas établie, la débrouille reste de mise. Les associations font ce qu’elles peuvent, mais elles attendent une réaction du Gouvernement.
