Au total, ce sont trois nouveaux centres fermés et un centre de départ qui vont voir le jour en Belgique. Le gouvernement fédéral vient d'approuver le projet. L’un des nouveaux centres pour les personnes en séjour irrégulier se situera à Jumet.
Actuellement, la Belgique compte 6 centres fermés d'une capacité maximale de 751 places. Avec la construction de trois nouveaux centres et d’un centre de départ, la capacité totale passera à 1 145 places, soit près de 400 supplémentaires par rapport à aujourd'hui.
« Cette décision historique marque un véritable tournant. Nous créons plus de capacité de retour que jamais et pouvons faire un pas de géant dans la politique de retour de notre pays », souligne le secrétaire d'État à l'Asile et la Migration, Sammy Mahdi (CD&V).
Trois nouveaux centres pour migrants illégaux vont voir le jour à Jumet, à Zandvliet (près d'Anvers) et à Jabbeke (près de Bruges), ce dernier remplacera d'ailleurs l'actuel centre fermé de Bruges. Un centre de départ « de court séjour » ouvrira également à Steenokkerzeel (Zaventem).
« Les nouvelles places seront affectées en priorité au retour des personnes en séjour irrégulier qui représentent un danger pour l'ordre public ou causent des nuisances. Au cours des cinq dernières années, il y a eu en moyenne plus de 30 000 interceptions d'étrangers sans papiers par la police chaque année. »
Environ 24 000 reçoivent l'ordre de quitter le territoire.
Un nouveau centre fermé à Jumet
L’un des nouveaux centres fermés se trouvera donc dans notre région. Ce projet de construction du centre fermé de Jumet, accueillant des personnes en situation de séjour illégal et frappés d’arrêtés d’expulsion, est sur la table depuis plusieurs années. Un accord entre les partenaires de la coalition Vivaldi avait été dégagé en 2020. Mais le projet a été controversé. Les socialistes y étaient opposés, mais les autorités locales carolos avaient finalement accepté. En juillet 2021, Paul Magnette, bourgmestre de Charleroi, expliquait à ce sujet dans l’Avenir :
« L’enfermement n’est jamais agréable et doit toujours être considéré comme une option tout à fait ultime. C’est la philosophie défendue par le PS dans les négociations fédérales, puisque nous avons fait acter qu’il fallait développer toutes les alternatives au centre fermé et veiller, s’il est construit, à ce qu’il ne soit utilisé qu’en ultime recours. »
Il faut savoir que les individus sans titre de séjour sont en minorité, il n’y a pas d’alternative au retour dans le pays d’origine. En 2021, près de 1 300 personnes en séjour irrégulier ont été interceptées par la police à Charleroi. Ce sont les dealers qui troublent l’ordre public et qui représentent une menace pour la sécurité selon Paul Magnette. Ce dernier tient à ce que ce centre ne serve uniquement aux personnes ayant commis des délits.
« Certains comptent jusqu’à 30 ordres de quitter le territoire. En tant que bourgmestre, je ne peux tolérer qu’ils puissent poursuivre leurs activités criminelles. Par contre, aucun enfant ou famille ne sera un jour enfermé à Jumet », expliquait-il toujours en juillet 2021.
Le bourgmestre tenait à ce qu’il n’y ait pas d’ailes pour les familles dans ce centre. Qu’en sera-t-il ?
La ville s’est déjà exprimée ce mercredi, elle reste favorable au projet amendé : un centre fermé destiné aux délinquants en situation irrégulière ayant commis des infractions, des actes criminels, constituant un danger pour l’ordre public et donc une capacité d’accueil en adéquation avec cela.
Le centre de retour fermé de Jumet offrira 200 places et sera utilisé en priorité pour le retour des personnes en séjour irrégulier qui constituent une menace pour l'ordre public ou causent des nuisances. Il s'agit notamment d'anciens détenus qui ont été condamnés pour des infractions telles que des cambriolages, des délits sexuels ou des violences. Mais aussi les personnes qui commettent des délits mineurs (comme le vandalisme), les dérèglements du comportement et les toxicomanes, et qui donc entrent en contact avec la police. L'arrivée d'un centre de retour fermé à Jumet donnera à la police de Charleroi la possibilité d'éloigner les criminels en séjour irrégulier des rues de manière plus ciblée et de les enfermer en vue de leur rapatriement.
Concernant les modalités, le centre fermé sera construit sur un site de la police fédérale, près de l'aéroport de Gosselies (Brussels South). À l'avenir, cet aéroport sera également utilisé pour les éloignements forcés des étrangers. De cet aéroport partent de nombreux vols à destination de régions telles que le Maghreb et les Balkans. Le nouveau centre de retour fermé créera 235 emplois supplémentaires;
« Pourquoi des centres fermés ? »
Aujourd’hui, à l’aube de l’ouverture de 4 nouveaux centres dont 3 fermés, tous les députés ne semblent pas se réjouir au sein de la majorité fédérale.
Je ne veux pas des places en centres fermés, pour des personnes qui majoritairement n’on rien fait, je veux des places pour les demandeurs d’asile qui dorment dehors depuis des semaines dans la rue. #honte
— Simon Moutquin (@SimonMoutquin) March 23, 2022
Pendant ce temps-là, dans une remarquable discrétion côté francophone, la Vivaldi (Ecolo et PS inclus) construit quatre nouveaux centres fermés pour étrangers.
— François De Smet ???? (@francoisdesmet) March 23, 2022
Le bilan migratoire de cette coalition a de moins en moins de choses à envier à la Suédoise.https://t.co/sdwYXErkyC
Belgique, terre de contrastes.
— André Flahaut (@andreflahaut) March 23, 2022
Tandis que notre pays fait preuve d'un élan de #solidarité pour les #réfugiés d'#Ukraine... il ouvrira bientôt trois nouveaux centres fermés pour forcer le retour des #migrants en séjour irrégulier. Une incompréhensible et inacceptable incohérence! pic.twitter.com/dfPIrSXl95
Un accueil différent en Belgique pour les Ukrainiens
Évidemment, cette annonce surgit dans un contexte particulier. Ces 3 dernières semaines, près de 20 000 Ukrainiens ont trouvé refuge en Belgique.
« 20 000 demandeurs d'asile sur l'espace de trois semaines, c'est énorme », expliquait le secrétaire d'État à l'Asile et la Migration, ce matin sur La première (RTBF). « Nous faisons face aujourd'hui à une crise humanitaire. On doit donc créer des villages d'urgence et sur ce point, les régions ont pris les choses en main pour faire le nécessaire. D'ici à la fin du mois, on devrait avoir 30.000 logements de crise pour les Ukrainiens. »
Petit à petit, on répertorie les places disponibles pour ces Ukrainiens dans les communes, chez les particuliers et ailleurs.
Aujourd'hui, certains reprochent au gouvernement d'adopter une politique « deux poids, deux mesures » en fonction de l’origine des réfugiés. Alors que des Ukrainiens sont logés chez les citoyens, d’autres réfugiés pourraient-ils finir dans des centres fermés normalement conçus pour les personnes qui causent parfois des problèmes d'ordre public ? En tout cas, la prochaine ouverture de centres fermés posent question.
Plus d’informations sur www.sammymahdi.be/planretour
A.P.
Sources : Belga, L’Avenir, RTBF, Sudpresse