Une semaine après la sortie du tome 22 de Gaston Lagaffe, Delaf, l'auteur qui a fait renaître les traits de Gaston était à Marcinelle. En tournée promotionnelle, il a fait un arrêt chez Dupuis, sa maison d'édition. Il s'est confié le temps d'une interview.
L'ambiance Gaston Lagaffe se propage dans tous les bureaux des Éditions Dupuis ce mardi. Les membres du personnel affichent leur plus beau pull vert à l'occasion de la venue d'un homme... Delaf. L'auteur québecois qui a réalisé un rêve de gosse en signant les nouvelles planches de son "héro-gaffeur" préféré.
"Gaston, c'est pour moi un personnage qui est très important. C'est celui qui m'a donné envie de faire de la BD et Franquin c'était mon idole quand j'étais petit! Donc aujourd'hui, ça fait très bizarre de dire je dessine Gaston!"
Tenir fièrement cet album c'est la récompense après un long travail de 4 années. Delaf a lu, relu les BD, pris des notes, rédigé un cahier de charges, comme il dit, pour arriver à se mettre dans la peau de Gaston... ou plutôt dans le coup de crayon de Franquin.
"Justement, le coup de crayon ça a été le principal défi. J'ai dû me plonger dans le dessin de Franquin, essayer de voir comment il dessinait. Et pour ça, j'avais accès à des beaux scans des originaux de Franquin, donc je pouvais vraiment voir comment il posait son trait sur le papier. Par exemple, pour le nez de Gaston, il le dessinait en 5 ou 6 traits alors que moi je l'aurais fait en un seul. C'est tout ce processus qui était très long à acquérir. J'ai dû désapprendre beaucoup de choses pour apprendre d'une autre façon."
Ce grand dadet au pull vert fait donc son retour là où Franquin l'avait laissé, dans les années 60-70. Le reprendre à cette époque a été un choix bien pensé.
"Le transposer dans les années 2020 me rendait mal à l'aise parce qu'il s'est passé tellement de temps entre le dernier gag de Franquin et aujourd'hui. Je ne sais pas ce qu'il aurait pensé de notre monde, d'internet, des réseaux sociaux, etc. J'aurais dû me prononcer comme auteur, faire ma critique de la société au travers de Gaston et je ne me sentais pas à l'aise de faire ça."
Ce tome 22 est né dans un contexte particulier. Gaston est allé en justice, la fille de Franquin ne voulait pas d'une suite pour respecter la volonté de son père.
"J'avais envie que tout le monde soit content, que ça se fasse dans la joie et le bonheur, mais voilà, ça ne s'est pas passé comme ça. C'est la vie, j'essaye de relativiser tout ça. Quand je travaillais sur mes planches, j'essayais de le faire avec le plus de sérieux possible, comme si c'était la chose la plus importante que j'avais à faire. Et puis, quand j'ai terminé l'album j'ai pris un peu de recul en me disant que ce n'était que de la BD!"
Aujourd'hui, cet album est peut-être le premier d'une nouvelle série. Chez Dupuis, on a mis le paquet. Tirée à 800 000 exemplaires, la BD compte bien se glisser sous le sapin parmi les cadeaux.
Ameline Delvaux