Depuis la mise en vente, ce lundi, de masques « chirurgicaux » dans les grandes surfaces, des questions se posent aux pharmaciens, aux exportateurs et parfois aussi à monsieur et madame tout le monde. Après une longue pénurie, de ces fameux masques, beaucoup se demandent comment la grande distribution a pu s’approvisionner, par quel canal et surtout si ces masques nous protègent.
Pour Laurence Delalune dont la vidéo est en train de devenir virale avec plus de 121 000 partages, les grandes surfaces nous leurrent sur la marchandise, c’est du vol ose-t-elle !
"J'avais envie de faire cette petite vidéo parce que je suis excédée. Je viens du Carrefour, j'ai acheté une boite de 50 masques. J'ai payé 31,50 euros, et là ! Grande surprise, j'ouvre ça et c'est du papier à cigarettes. donc vous faites ce que vous voulez, mais moi je vous déconseille d'acheter, c'est une grosse arnaque."
Les exportateurs aussi sont en colère
La société Façozinc de Gilly, spécialisée dans la vente de matériel pour toiture et isolation, avait décidé dès le début de l’épidémie chez nous, de faire jouer ses contacts pour importer des masques dont le manque se faisait cruellement sentir dans les pharmacies et les services hospitaliers.
C’est à ce moment que le parcours du combattant a commencé, comme nous l’explique Arnaud Muyle, chief facilities Engineer.
« Dès le départ, oui. Il y a des conditions imposées par le SPF Santé qui sont différentes de celles de l'agence des médicaments. Dans un premier temps, ces règles n’étaient pas très claires. Ensuite, lorsque les règles ont été mises en place, nous avons tenté de les respecter, les échanges avec les différents acteurs n'ont pas toujours été simples, et nous avons encore perdu du temps, mais au final nous y sommes parvenus dans le respect des règles. »
Et le respect des règles, c'est bien ce que reproche Façozinc à la Grande distribution. Il semblerait que cette dernière ne les ait pas respectées.
Sur la photo ci-dessous, la boite contenant les masques vendus chez Match, comporte le terme Médical, hors c’est la norme GB 32610-2016, qui apparait dans le mode d’emploi, une norme qui correspond à un usage civil.
De même le marquage CE ne peut être délivré que par un organisme européen agréé, et l’usine doit être reprise sur une liste européenne. Ici, le nom de l’usine n’apparait pas sur les boites donc impossible de vérifier.
Et s’il n’est pas question de fustiger la grande distribution, il s’agit de mettre les points sur les « i ».
« Ici ce que nous remarquons c'est que des masques sont proposés, des normes médicales sont apposées sur les boites et rien ne correspond à rien parce que pour correspondre aux normes il faut des certifications agréées. Tout est accessible sur le site du SPF Santé. Mais nous ce que nous remarquons c’est que tout le monde fournit des boites et n’informe pas correctement le consommateur. »
Les pharmaciens excédés
Un pharmacien de la région nous offre une toute autre réalité :
« Entre les masques achetés en grande surface et en pharmacie, il n’y a pas photo. Le danger c’est que les gens qui vont acheter ces masques vont se sentir en sécurité et donc auront peut-être des comportements encore plus à risques. Ces masques, il faut le dire, ne sont pas aussi filtrants que les masques chirurgicaux vendus en pharmacie. C’est un peu comme si on passait le café avec une passoire au lieu d’un filtre. »
Ce qui interpelle aussi ce pharmacien, c’est que depuis lundi le taux de TVA sur les masques a changé, heureux hasard du calendrier, ou pas… Toujours est-il que les pharmaciens qui ont acheté des masques à 21% de TVA peuvent aujourd’hui les vendre à 6%, du jamais vu, selon lui. Une question de Lobby peut-être ? nous dit-il en semi-boutade. Cela tombe au bon moment, mais les clients sont aussi floués sur la marchandise.
Autre incompréhension, la disponibilité de ces masques
« Alors que nous avons mis un temps fou à pouvoir nous en procurer, les grandes surfaces en ont soudain des stocks importants. Et du coup, nous passons pour des voleurs, parce que nous n’en n’avions pas ou très peu et parce que nous les vendions forcément plus cher. Mais les masques c’est comme le reste, quand il en faut beaucoup les prix augmentent, quand la situation se calme, les prix diminuent. Les prix suivent à peu de chose près l’évolution de la courbe des contaminations ! Mais au final, nous, nous ne cherchons pas à vendre plus cher, nous voulons juste respecter les normes de qualité qui nous sont imposées. »
Le Réseau wallon contre la pauvreté et Test Achat réagissent
Alors que les Réseaux de lutte contre la pauvreté s’investissent sans relâche pour limiter les effets de la crise sanitaire qui se superposent aux inégalités et à la crise sociale préexistante, quelle n’est par leur stupéfaction de constater la commercialisation de masques chirurgicaux dans les supermarchés.
"Ce mardi 5 mai, qu’apprend-t-on ? Qu’à partir de cette date des masques chirurgicaux sont disponibles et commercialisés dans les grandes surfaces ! Certes avec une TVA à 6%, vendu à prix coûtant, et/ou avec un versement du surplus à une œuvre… la belle jambe pour celui qui doit débourser. Une boîte de 50 masques pour 31,49€ ! cette situation est inacceptable et demande la distribution des masques chirurgicaux gratuits, de qualité et distribué par des organismes, des métiers, qui peuvent apporter des explications claires et complètes quant à leur utilisation."
Test Achat a également déjà reçu un certain nombre de plaintes et devrait prendre position cet après-midi.
Un consommateur averti …
Les masques plus accessibles financièrement ne vous offrent sans doute pas la même qualité de protection que les masques vendus plus chers en pharmacie. Il faut le savoir ! Il faut surtout adapter ses comportements en fonction. En cas de doute vous pouvez toujours contacter la FAGG l’agence fédérale des médicaments et des produits de santé.
Faites tourner C'est du vol
Posted by Laurence Delalune on Wednesday, May 6, 2020