L'ASBL Patrimoine Industriel Wallonie-Bruxelles (PIWB) s'est lancée dans un projet inédit : recenser les cheminées industrielles dans toute la Wallonie et dans Bruxelles.
Avec 715 structures déjà répertoriées, l'objectif est clair : préserver ces témoins de l'histoire et, peut-être, en faire un jour des monuments classés.
Les cheminées industrielles, ces géants de briques ou de béton, témoins silencieux de notre passé industriel. Malgré leur présence marquante dans le paysage, beaucoup d'entre elles tendent à disparaitre, n'étant pas protégées par un statut de patrimoine classé. Face à ce constat, l'ASBL Patrimoine Industriel Wallonie-Bruxelles (PIWB) a décidé d'organiser, depuis 2022, un recensement minutieux de toutes les cheminées présentant un caractère industriel dans des lieux publics. Vincent Vincke, l'un des responsables du groupe de travail du recensement intitulé "Pas de fumée sans cheminée", explique : "on a remarqué que sur les milliers de cheminées qui existaient en Wallonie et Bruxelles, beaucoup ont aujourd'hui disparu. Aucune n'est classée et, avec le temps, elles se dégradent. Quand on va sur place, des cheminées sont parfois en très mauvais état. Il suffirait d'une tempête pour qu'elles soient rabotées de moitié."
Des anciennes comme des récentes
Le recensement fait appel aux volontaires. Armés de plans, de drones ou d'appareils photos, ils sillonnent le territoire à la recherche des cheminées. Une fois l'objet de la quête découvert, les participants complètent leurs observations visuelles sur le site de l'ASBL. Localisation, datation mais également hauteur et typologie, les cheminées peuvent prendre des tas de formes différentes. "Les typologies des cheminées sont assez diverses, raconte Vincent Vrincke. Les plus anciennes sont soit carrées, soit trapézoïdales avec les bords tronqués. Après, on est passé aux cheminées rondes. Du côté des matériaux, on utilisait essentiellement la brique, puis le claveau de béton. Les dernières cheminées, plus modernes, sont en inox double paroi." En effet, le recensement ne se limite pas aux cheminées historiques, mais s'intéresse aussi aux plus modernes. "On s'est aperçu que les cheminées plus ou moins modernes, soit 40 ans plus ou moins, pouvaient également disparaitre. Soit pour raison de place, soit pour agrandissement de bâtiments ou encore pour changement de chauffage. Nous avons donc décidé de reprendre d'office dans le recensement toutes les cheminées, du moment qu'elles possèdent un aspect industriel ou ex-industriel", reprend le responsable.
Un patrimoine de notre région
Sur les 715 cheminées déjà recensées, le Hainaut, fort de son passé industriel, est la province qui compte le plus de structures : 281, dont une centaine rien qu'à Charleroi. Selon Vincent Vincke, "la plus ancienne cheminée industrielle se trouve à Gosselies. Elle date des années 1880 et elle est encore entière. Il faut savoir que Gosselies était le berceau des verreries en Belgique."
Avec cette opération, l'ASBL souhaite préserver ces géants dans l'espoir que certains soient un jour classés. À terme, l'objectif est de réaliser un ouvrage documenté et une exposition. Un travail de mémoire essentiel pour que notre patrimoine industriel ne tombe pas dans l'oubli.