En cette mi-janvier, c’était au tour des Berbères de fêter leur Nouvel An. Des artisans et des artistes s’étaient donnés rendez-vous à Gilly pour se retrouver, mais aussi pour faire découvrir cette culture du Maghreb millénaire, mais encore méconnue.
Le Nouvel An d’un peuple millénaire
Pour les Berbères (appelés aussi Amazigh), nous venons d’entrer en l’an 2975. L’asbl Yova avait décidé cette année de fêter Yennayer, le Nouvel An berbère au CRIC à Gilly. Y étaient donc réunis des artisans présentant poteries, tissages, bijoux ou tatouages au henné, entre autres. Mais la cuisine traditionnelle et l’écriture berbère étaient aussi bien présentes. L’occasion de faire découvrir cette culture méconnue, mais aussi de rassembler les peuples puisque la culture berbère passe au-delà des frontières des pays.
« La culture amazighe s’étend sur toute l’Afrique du Nord, explique Abdelfetah Dahmani, le président de l’asbl Yova. Mais aussi un peu au nord de l’Afrique de l’Ouest. On peut retrouver des Amazighs au nord du Mali, en Algérie, en Tunisie, même en Lybie et en Égypte. »
En invité d’honneur: Hamsi Boubeker
L’invité d’honneur de cette fête, c’était Hamsi Boubeker, artiste pluridisciplinaire enraciné dans la culture berbère. Originaire de Kabylie, il est reconnu pour ses peintures de femmes kabyles dont il exposait quelques tableaux dans le cadre de cette fête. Mais on le connaît aussi comme musicien et conteur, ainsi que pour ses actions en faveur de la paix à travers l’art.
« L’exposition d’aujourd’hui, c’est un hommage aux femmes amazighes, explique l’artiste. Je suis un enfant de la guerre, et en Algérie, quand j’était petit, j’ai vu comment les femmes, malgré les problèmes et les désarrois, arrivaient toujours à trouver une fin à un problème. Et ce sont aussi les femmes qui nous ont inculqué nos valeurs. »
La découverte et le respect
Cette journée, accompagnée par le CRIC, le Centre Régional d’Intégration carolo, est aussi celle de la découverte réciproque, autant vis-à-vis des non-Berbères qu’entre Berbères de pays différents.
« Je suis marocaine, témoigne l’une des exposantes, mais c’est l’occasion pour moi de découvrir la culture algérienne, par exemple. C’est sympa et on se ressemble beaucoup en plus. Quand on se rencontre dans des événements comme ça, ça nous rapproche plus. »
« Les Amazighs ont influencé des peuples, comme il y a aussi beaucoup de peuples qui ont côtoyé les Amazighs à l’époque et qui les ont influencés, ajoute le président de l’asbl Yova. On a toujours été dans cet échange culturel. »
« La diversité est une richesse, renchérit Hamsi Boubeker. Et si on l’efface, on fait disparaître toute une rencontre entre les gens. Et pour lutter contre le racisme, l’antisémitisme et toutes ces choses atroces, il faut utiliser ces cultures diverses et les asseoir ensemble. C’est là qu’i va y avoir un véritable échange. Et on verra que c’est là qu’il y a le soleil, la lumière, la connaissance et le respect. »