Jeudi matin, un nouveau conseil d'entreprise extraordinaire de Mestdagh, racheté récemment par Intermarché, se tenait à Gosselies. Les syndicats en ont profité pour mener une action devant le siège. Une action symbolique et particulière qu’ont rejoint les travailleurs de Delhaize. Tous ensemble, ils font face à un même combat : obtenir des garanties et éviter le passage sous franchise de certains magasins.
Ils étaient près de 300 à mener une action ce matin devant le siège de Mestdagh. D’un côté, les principaux concernés : les travailleurs de l'enseigne Intermarché. Et de l’autre, en soutien : les travailleurs de Delhaize. Ensemble, ils font face à un même problème : le basculement de plusieurs magasins de leur groupe vers un régime de franchise.
« Tous les magasins vont passer en franchise. Et les adhérents vont pouvoir faire ce qu’ils veulent dès qu’ils reprendront le magasin », explique Pascal Nootens, délégué syndical et travailleur de Mestdagh.
« Il y a des similitudes frappantes. C’est une entreprise en bénéfice qui décide de franchiser ces 128 magasins. Il n’y a plus aucune considération pour les travailleurs qui ont fait le succès de l’entreprise pendant 150 ans. Travailleurs essentiels, travailleurs à la poubelle », explique de son côté Agnieszka Babinska, travailleuse de Delhaize.
Mais concrètement, franchiser des magasins, ça signifie quoi ? Quand on a plusieurs structures, il existe 2 façons de faire : le modèle intégré, où des salariés de l'entreprise, des gérants, pilotent chaque structure. Ou alors la franchise, ou c’est un franchisé qui reprend le magasin. Ça signifie donc devenir indépendant, même si on reste relié à une maison mère.
Un modèle qui effraye
Mais ce modèle inquiète les travailleurs.
« On ne sait pas ce qu’on va devenir. La direction dit qu’on va garder nos acquis, mais on sait que pour un indépendant c’est compliqué. On va leur coûter trop cher », indique Pascal Nootens (Mestdagh).
« L’indépendant va regarder à ces coûts et dépenses, et ne sera pas en mesure de garder tous les travailleurs comme Delhaize le prétend et maintenir les salaires des employés qui sont là depuis 30 ans », craint Agnieszka Babinska (Delhaize).
Les travailleurs craignent de voir leur quotidien changer : horaires différents, travailler le week-end, plus de pression …
Un combat pour l'ensemble du secteur
Alors aujourd’hui, ensemble, ils sont là pour défendre leurs droits, au nom de tout le secteur.
« Le président de Comeos (la Fédération belge du commerce) a indiqué que d’autres groupes suivraient ce modèle. C’est peut-être la nouvelle politique du commerce », explique Pascal Nootens (Mestdagh).
« Je pense que l’amorce de Mestdagh, l’annonce de Delhaize, … C’est le début d’un effet domino qui va se répandre dans tout le secteur du commerce », ajoute Agnieszka Babinska (Delhaize).
Et les actions risquent de se multiplier dans les semaines à venir. Les grèves et blocages ne pourraient être qu’un début.
« Le combat est collectif et on fera tout ce qu’il faut pour qu’il s’élargisse à tout le secteur. On ne lachera rien, et on sera très créatif », conclut Agnieszka Babinska.
Et la situation que vivent les travailleurs de Mestdagh et Delhaize entraîne un véritable mouvement sectoriel. D’ailleurs, le 17 avril prochain, tout le secteur va se mobiliser. On ne sait pas encore exactement quelle forme prendra cette action. Concernant le conseil d’entreprise de ce matin, le dialogue social semble rompu.
A.P.