La décision rendue mercredi par le tribunal de première instance de Mons, qui a confirmé les ordonnances estimant que les piquets de grève des syndicats avaient porté atteinte à la liberté de commerce de Delhaize, constitue "un énième coup porté contre la démocratie sociale, le droit de grève et son exercice", réagit la FGTB wallonne. Elle dénonce un jugement "fort avec les faibles, faible avec les forts".
Le tribunal agissant en référé avait été saisi par les organisations syndicales. Elles dénonçaient les ordonnances prises par la justice dans le cadre du conflit chez Delhaize, en mars et en avril, interdisant les blocages des magasins ou des dépôts. Ces méthodes ne respectaient pas le droit de grève, selon les syndicats. La chaîne de supermarchés estimait par contre que ces ordonnances étaient justifiées car les piquets portaient atteinte à la liberté de commerce. Le tribunal a finalement donné raison au groupe Delhaize.
Cette décision représente une étape de plus "dans la dérive inquiétante" que connaît la Belgique, considère la FGTB wallonne. Elle estime que le tribunal a donné raison aux arguments de Delhaize en "balayant" le principe de non-immixtion de la justice dans les conflits collectifs de travail.
"Intimidations et harcèlements de délégués, judiciarisation des conflits sociaux, recours aux huissiers et astreintes, arrestations arbitraires, déploiement d'autopompes et de policiers casqués sur les piquets... C'est aujourd'hui tout un arsenal qui est déployé contre des travailleuses et travailleurs qui se mobilisent tout simplement pour leurs droits", s'inquiète le syndicat. "La logique du jugement rendu ce matin correspond malheureusement trop bien à ce contexte actuel : fort avec les faibles, faible avec les forts."
Cette tendance menace le droit de grève mais aussi l'ensemble des droits fondamentaux, prévient la FGTB.
Source: Belga