Les résultats électoraux marquent globalement une victoire des partis de droite au nord et au sud du pays. Le MR devient la première formation politique du côté francophone tandis qu'en Flandre, la N-VA s'est maintenue en tête.
Même si le Vlaams Belang progresse, le raz-de-marée d'extrême droite attendu n'a pas eu lieu. "C'est un moment historique", s'est écrié dimanche devant les militants et mandataires de son parti, le président du MR, Georges-Louis Bouchez.
Les libéraux francophones ont emporté Bruxelles et devraient selon toute vraisemblance emporter la Wallonie, aussi bien au parlement fédéral que dans les Régions, une première dans leur histoire. Il leur appartient désormais d'ouvrir les négociations en vue de former les exécutifs. Les contacts seront pris dès lundi, a assuré M. Bouchez qui souhaite former des gouvernements le plus rapidement possible, avec la perspective de décrocher les ministres-présidences à Bruxelles, en Wallonie et en Fédération Wallonie-Bruxelles. Les Engagés constitueront son partenaire privilégié.
Jusqu'à présent, le PS est demeuré discret. Le président, Paul Magnette, a livré une courte déclaration où il a constaté "un glissement à droite" du pays, des socialistes qui "se maintiennent" à Bruxelles et sont en "érosion en Wallonie" où les résultats définitifs se faisaient attendre, notamment dans le Hainaut, place forte des socialistes. Un bureau est convoqué lundi après-midi à l'issue duquel il devrait en dire plus.
Quoi qu'il en soit, la perte est sévère pour le parti qui a dominé quasiment sans exception la scène politique francophone pendant plusieurs décennies. Il est désormais rattrapé par la crise de la social-démocratie qui s'est emparée de nombreuses formations de gauche en Europe. Et ce n'est pas tant la progression du PTB qui lui a coûté cher que la victoire du MR à droite et celle, au centre, des Engagés. Les socialistes sont en outre isolés: le PTB semble à cette heure un partenaire peu probable dans une coalition et Ecolo s'est écroulé une nouvelle fois après une participation au pouvoir, comme en 2003-2004 et comme en 2014.
La N-VA, de l'autre côté de la frontière linguistique est la grande gagnante. Elle perd certes un siège à la Chambre mais se maintient à la première place, bien au-delà de ce que prédisaient les sondages. Et si le Vlaams Belang progresse, il échoue à prendre la première place. Le spectre d'une rupture du cordon sanitaire autour de l'extrême-droite s'éloigne.
À l'inverse de Bruxelles et de la Wallonie, la gauche retrouve un peu de couleur en Flandre avec la progression de Vooruit et du PTB-PvdA tempérée par les pertes de Groen, dans des proportions toutefois moindres que son frère francophone.
Le grand perdant est assurément l'Open Vld. En octobre 2020, en pleine crise sanitaire, son leader, Alexander De Croo, recevait le poste de Premier ministre et prenait la tête d'une coalition Vivaldi à sept partis et sans majorité en Flandre. Trois ans et demi plus tard, à l'issue d'une campagne concentrée sur sa personne, sa formation politique connaît une défaite historique qui a déjà provoqué la démission du président Tom Ongena.
Qu'en est-il des coalitions possibles? A Bruxelles, même s'il dépasse le PS, le MR ne pourra pas se passer des socialistes pour former une majorité... et le bourgmestre de Bruxelles, Philippe Close, a déjà fait remarquer que, dans la capitale, les formations de gauche n'étaient pas loin des 50%. En Wallonie, une coalition MR-Engagés n'est pas à exclure. Le PS se retrouverait dans l'opposition, comme durant la brève période du gouvernement Borsus entre 2017 et 2019.
En Flandre, le président de la N-VA, Bart De Wever, a également la main. Au vu de la défaite des libéraux et de la cure d'opposition qui se profile, la "suédoise" ne sera pas reconduite. Une montée de Vooruit est en revanche très vraisemblable.
Au fédéral, il incombe au Roi de désigner des chargés de mission, en principe un informateur, après avoir entendu les présidents de parti. Plusieurs pistes de coalition sont possibles. L'équation doit en outre tenir compte d'un paramètre: M. De Wever a clairement annoncé sa volonté de donner plus d'autonomie à la Flandre. Une perspective qui implique de trouver une majorité des deux tiers... Un véritable casse-tête dans l'état actuel des choses.