Hier, un pré-conseil communal numérique s’est tenu à Charleroi, l’occasion de revenir avec Paul Magnette sur la gestion de la ville par rapport à ce confinement inédit, mais aussi sur la suite des événements.
Paul Magnette, vous avez tenu hier un pré-conseil communal virtuel. Vous avez fait un premier bilan du confinement dans les différentes phases. Vous en tirez quel bilan de ces dernières semaines ?
Tous les départements de la ville sont mobilisés pour rendre la vie de tout le monde le plus agréable possible, malgré les difficultés du confinement. Il y a plus de 70 patrouilles qui sont là pour faire respecter les règles de confinement. Nos services administratifs continuent à tourner pour que les dossiers ne prennent pas de retard et pour que la ville continue à fonctionner.
Le CPAS est à la fois très actif dans les maisons de repos, mais également auprès des sans-abris. Il faut ajouter à cela notre cellule de crise, et l’ensemble des services de notre administration communale qui sont mobilisés pour que la vie puisse continuer et en même temps pour apporter son soutien ou de l’aide à ceux qui en ont besoin.
Sur Charleroi, près de 650 cas de COVID-19, pour une ville aussi importante, ce n’est pas tant que ça. Ca veut dire que les carolos ont particulièrement bien respecté les règles de confinement ?
On a, en effet, moins de cas que dans des villes de taille comparable. On ne peut que s’en réjouir. C’est sans doute lié au fait qu’il y a eu moins de carolos en déplacement dans les zones infectées pendant les vacances de carnaval. Mais c’est aussi lié au fait que très tôt nous avons pris des mesures. La ville n’a pas attendu le confinement pour agir. Nous avons fermé toute une série de services pour éviter que l’on ait une propagation du virus. Et puis, je crois que les carolos ont bien respecté les règles, et ça a évité une propagation rapide.
Il y a aussi pas mal des personnes précarisées dans notre ville. Vous avez prêté une attention particulière à cette population durant cette période ?
Dès le début du confinement, on s’est dit que les personnes qui vivent dans une plus grande précarité seraient les premières victimes de cette situation de confinement. Avec le CPAS, nous avons trouvé un bâtiment pour créer un abri de nuit qui permet de respecter les règles de distanciation sociale. On a travaillé avec plusieurs associations comme le Rebond, ou les Restaurants du Cœur. Ça nous a permis de continuer de distribuer des colis aux personnes qui sont en grande difficulté, et on a également soutenu des plateformes d’entraide.
On va vers le déconfinement, on sait que Charleroi Métropole a commandé des masques, mais ils arriveront fin mai. Ce n’est pas trop tard ?
On a fait au plus vite ! Mais il faut bien le dire, il y a un peu de confusion de la part du fédéral sur ces questions. Dans un premier temps, on nous a dit que c’était pas utile d’en acheter, donc nous n'en avons pas achetés. Dans un second temps, on nous a dit que c’était utile, puis le fédéral voulait en acheter, puis finalement il n’en a pas achetés. On a perdu du temps, mais la ville a décidé de prendre ses responsabilités et avec certaines communes de Charleroi Métropole nous avons passé des marchés.
Le déconfinement se fera par étape. Le 4 mai, certaines entreprises rouvriront, donc ce sera aux entreprises elles même de prendre leurs responsabilités pour offrir des conditions de santé correctes aux travailleurs. Et puis pour le reste, nous offrirons des masques aux habitants, gratuitement ! D’autant plus que la région wallonne financera à hauteur de 2 euros par habitant l’achat des masques.
Au niveau de ce pré-conseil communal, vous avez décidé de proposer l’exonération de toute une série de taxes qui concernent les commerces et les indépendants ?
Le collège a proposé au conseil d’exonérer des taxes locales à toutes celles et ceux qui ne peuvent pas travailler et n’ont pas de recettes. Il s’agit principalement de l’Horeca, les petits commerces, le secteur de l’événementiel aussi. Donc pour les aider, nous faisons notre part du travail. Ce qui représente un investissement de 1,5 millions d’euros de la part de la ville. Ça nous semble essentiel d’aider le tissu économique local.
Comment on va faire pour gérer le déconfinement et la réouverture des commerces le 11 mai ?
Rien n'est sûr pour le 11 mai ! Il y a toute une série de conditions à réunir pour cela. Je pense d’ailleurs que ça ne se fera pas en une fois. En tout cas, à la ville, nous veillerons à ce que toutes les règles de sécurité soient respectées. La ville a déjà distribué des affiches qui sont déjà présentes dans les commerces, les snacks,… qui ont continué à vendre leurs produits, pour faire respecter les distances. Nous restons extrêmement vigilants.
Votre cœur de socialiste "saigne" quand vous voyez qu’on a privilégié l’économie plutôt que la perspective de revoir sa famille ?
Pour moi la priorité c’est l’humain. J’espère vraiment que le conseil de sécurité de la fin de la semaine va se dire que cette priorité humaine, doit être la première !
