Dimanche dernier, le dossier de candidature final du projet de Parc National de l’Entre-Sambre-et-Meuse a été déposé. Il est désormais entre les mains du jury qui désignera, courant du mois de décembre, les deux lauréats wallons qui obtiendront le titre si prestigieux de "Parc National". Depuis l'annonce de sa préselection en décembre 2021, la coalition territoriale n'a donc pas chômé.
En juillet 2021, la Ministre de la ruralité, Céline Tellier lançait un appel à projet pour la création de deux parcs nationaux en Wallonie. Parmi, les projets retenus, le parc national de l'Entre Sambre et Meuse.
La première étape fut la création, en début d’année, de l’asbl Bureau de Projet (BP), dont l’objectif pour 2022 a été la rédaction du fameux Masterplan remis le week-end dernier au jury de sélection.
Quentin Hubert, le coordinateur général, membre du cercle des naturalistes de Belgique, revient sur cette étape importante pour ce projet porté notamment par 5 communes de l'Entre Sambre et Meuse.
"Le projet de parc national est un projet assez important avec une reconnaissance de type mondial. Un parc national c’est une zone avec une protection pour la biodiversité et l’éco-tourisme."
Septante partenaires et 5 communes participent au projet. Parallèlement, l’objectif poursuivit est la co-construction, avec un maximum d'acteurs et actrices du territoire. C’est pourquoi un axe important du projet consiste à aller à la rencontre des citoyens et des citoyennes impliqués afin de discuter et d'échanger sur les questions ou les suggestions des uns et des autres.
« Les partenaires ont créé l’asbl bureau de projet de parc national et pilotent le projet, on y trouve des associations nature comme Natagora ou le cercle ornithologique de Belgique. Sont présents aussi le parc naturel de Viroin-Hermeton, la fondation Chimay-Wartoise et la maison de tourisme du pays des lacs. »
Une belle coalition, volontaire, qui permet de faire avancer le projet rapidement car l'impératif principal est de tenir les délais.
Une biodiversité foisonnante et des paysages variés
La zone concernée par le potentiel parc national traverse tout le sud de l’ESEM de la commune de Viroinval, jusqu’à Chimay, Momignies sans oublier Couvin et Froidchapelle. Une zone avec une très grande biodiversité et une très grande variété de paysages liée au sous-sol entre la Fagnes, la Calestienne, la Thiérache.
Ce qui est particulier dans cette zone, c'est aussi la diversité de faune et de flore répartie sur les 22 000 hectares de son périmètre composé de terres publiques, mais aussi privées (16 propriétaires – dont 6 agriculteurs – ayant intégré leurs surfaces dans le Parc National, pour un total de pratiquement 1.000 hectares).
Le territoire se compose de forêts, de rivières (Eau Noire, Eau Blanche et Viroin), de pelouses calcaires, de prairies maigres et de plans d’eau ; autant de lieux où la biodiversité peut s’épanouir. Nous y trouvons 80% de la faune et de la flore sauvages de Wallonie, dont certaines espèces sont très rares, et parfois même endémiques comme : la cigogne noire et blanche, les orchidées, certains papillons, les râles d’eau, râles des genêts, tritons crêtés, et bien d'autres.
"Le parc national, c’est un label qui va rebondir sur des critères déjà existants de type réserve naturelle ou autres. Le parc national n’amène pas de contraintes supplémentaires, pour les acteurs qui souhaitent s’y engager, mais cela amène une reconnaissance et donc des moyens de fonctionnement qui aujourd’hui n’existent pas."
Parc national - Patrimoine d'exception
En France, il existe 11 parcs nationaux. Il en existe des milliers dans le monde entier, les plus connus étant sans doute, le parc national de Yellowstone et celui du Kilimandjaro classé au patrimoine de l'Unesco. Rien que l'évocation de ces endroits donne immédiatement l'envie de les visiter.
La diversité géologique du territoire (Fagne, Calestienne et Ardenne) fait du Sud de l’Entre-Sambre-et-Meuse un territoire exceptionnel, connu depuis plus d’un siècle en Belgique comme l’Eldorado des naturalistes.
« Le label fait partie des 100 marques les plus connues au monde."
Et si Quentin Hubert devait aller défendre son dossier devant le jury de la ministre Tellier, il leur dirait probablement que :
"Nous avons la plus belle région du monde, nous avons la chance d’être dans une région qui a gardé de part sa faible urbanisation et son impact environnemental plutôt réduit, une richesse présente historiquement. Mettre ça en valeur c’est important. Cette notion de forêt ancienne est importante dans les critères pour l’accès au label parc national. »
De la parole aux actes
Durant de nombreux mois, la coalition territoriale du projet de Parc National ESEM a mis sur papier des actions sous forme de fiches qui ont été validées fin septembre par les cinq Conseils communaux concernés.
Ces fiches-actions, portent sur différentes thématiques :
- nature & biodiversité (reméandration de cours d’eau, restauration de pelouses et pâturage itinérant, réserve biologique intégrale, etc.),
- tourisme,
- mobilité,
- paysage et patrimoine (portes d’entrée thématiques et relais, renforcement des transports en commun, trame noire, patrimoine géologique, etc.),
- éducation,
- sensibilisation et participation citoyenne (réseau des guides, caméras-pièges, centre d’art naturaliste, etc.)
- socio-économie (économie circulaire, labellisation, circuit-court et tourisme gourmand, etc.).
L'une des fiches-actions concerne la 𝗧𝗿𝗮𝗺𝗲 𝗻𝗼𝗶𝗿𝗲 (réseau formé de corridors écologiques caractérisé par une certaine obscurité). Le Parc naturel Viroin-Hermeton propose, à l'occasion de la Nuit de l'Obscurité, toute une série d'activités qui se dérouleront à Nismes le week-end prochain, afin de sensibiliser tout un chacun à la problématique de la pollution lumineuse et à l'observation du ciel.
D’autres activités ont lieu régulièrement et sont accessibles via un agenda régulièrement mis à jour sur le Facebook du Projet de Parc National ESEM et sur le fil d’actualité du site internet https://parc-national esem.be/ qui permet de suivre ces évènements.
L.E.
