Pour le 40e anniversaire de la fin du Roton, rencontre exclusive avec deux anciens mineurs qui ont travaillé au charbonnage de Farciennes. Angelo et Mohamed sont arrivés en Belgique dans les années 60. L’Europe cherchait de la main-d’œuvre, eux, du travail.
Le puits de Sainte-Catherine, là où se trouve le Roton, était le lieu de travail de Mohamed et Angelo. Ces deux mineurs ont quitté leur pays d’origine pour la Belgique afin de pallier le manque de main-d’œuvre. « Je suis venu ici en Belgique, car c’était la misère en Italie à l’époque », se souvient Angelo, cet ancien mineur. Il n’y avait pas de travail, donc nous sommes quand même venus en Belgique malgré la catastrophe du Bois du Cazier.
Mohamed lui a quitté le Maroc à 25 ans pour débarquer en Belgique en février 1964. Et jusqu’en 1984, c’est à la mine du Roton qu’il a fait toute sa carrière. « Je travaillais le samedi et le dimanche. Parfois, je faisais une journée complète de 24 h, explique Mohamed. Lorsqu’ils débutaient leur journée, les deux ouvriers descendaient dans la fosse, comme ils disent. « Le charbonnage, c’est difficile, tu travailles dans des espaces 70, 60 voire 40 cm. Les conditions étaient difficiles, il fallait se coucher dans des espaces restreints. L’ouvrier qui travaille dans le charbon, c’est pire que le soldat. »
Mais dès que la journée se terminait, on était content de remonter à la surface.
Nous étions contents, car on était fatigué et on avait faim. À l’époque, je fumais, donc on faisait une pause en fumant une cigarette, se remémore-t-il. Ceci dit, le danger était toujours bien présent, même après la catastrophe du bois du Cazier. Aucun mineur n’est à l’abri d’un accident.
40 ans plus tard, à l’image du Roton, ces ouvriers sont toujours debout. Leur travail ardu et risqué a marqué l’histoire industrielle carolo, faisant du charbon une ressource précieuse, obtenue au prix du courage et du sacrifice de nombreux hommes.