Les étudiants du supérieur viennent à peine de rentrer dans les amphithéâtres que la Ministre de l’enseignement supérieur, Valérie Glatigny, monte sur scène en avançant déjà des changements pour l’année scolaire 2021-2022. Des propositions sont sur la table pour modifier le décret paysage et parmi celles-ci, il y en a une qui ne fait pas l’unanimité : réussir sa première année de bachelier en deux ans maximum.
En ce lundi de rentrée, elle s’est exprimée sur les ondes de La Première : « Ce décret a des effets pervers, et notamment l’allongement de la durée des études. Sur les étudiants qui ont réussi (avec au moins 45 crédits sur 60) seulement un sur cinq va terminer dans les temps, ce qui a un impact négatif, en particulier pour les étudiants précarisés ou boursiers. Avant le décret paysage, 18% terminaient leur bachelier dans les temps, c’est seulement 11% depuis le décret paysage. Il faut donc clarifier la notion de réussite et c’est particulièrement important lors des premières années. »
Du côté de la Fédération des étudiants francophones (FEF), on ne s’attaque pas aux vrais problèmes. A l’heure actuelle, pour passer en 2e BAC, un étudiant doit réussir au moins 45 crédits sur 60 et peut passer autant de fois qu’il veut ses années de bachelier jusqu’au moment où il n’est plus finançable. « Aujourd’hui, il y a 60% de taux d’échecs en première année, constate la présidente de la Fédération des étudiants francophones, Chems Mabrouk. Ces échecs sont liés au contexte économique et culturel, mais aussi au passé scolaire. La priorité, c’est le refinancement. »
Valérie Glatigny se défend : « La seule matière première que nous avons en Fédération Wallonie-Bruxelles c’est la matière grise de nos étudiants, investir dans une formation c’est investir dans notre futur. Le gouvernement de la Fédération a décidé d’allouer cinq millions d’euros pour l’année 2020, et je vais proposer au gouvernement une planification pour atteindre les 50 millions prévus d’ici 2024. »
Une année dans le supérieur coûte entre 8.000 et 12.000 euros !
Un montant insuffisant pour la présidente de la FEF. « Il faudrait au moins 150 millions d’euros sur l’ensemble de la législature. Les recteurs des universités sont sur la même longueur d’onde et disent aussi que ce montant est insuffisant. Il faut aussi que ce montant distribué aux Universités soit balisé. Il faut investir dans l’aide à la réussite et lutter aussi contre la précarité. Quand on sait qu’une année coûte entre 8.000 et 12.000 euros, ce n’est pas normal. Se former, apprendre, c’est un droit. Avec cette réforme, on renforce l’élitisme. »
Cette réforme devrait entrer en vigueur pour la rentrée 2021. Seuls les étudiants du bloc "un" seront concernés. Pour les autres, des mesures transitoires seront prévues. Une nouvelle année qui débute sur les chapeaux de roue dans un contexte sanitaire particulier, ce qui met encore plus de pression sur les étudiants. Une sortie de la Ministre qui fait polémique lors de cette rentrée… pandémique.