Si les records de douceur enregistrés cet hiver ont pu entraîner quelques déplacements localisés, la grande migration vers les étangs et les mares est aujourd'hui lancée partout en Wallonie et à Bruxelles. L’heure est donc venue de sortir les seaux et les bottes pour porter secours aux grenouilles et tritons le long des routes. Natagora a rassemblé toutes les informations pratiques sur une carte interactive.
À la suite des records de température du 31 décembre, une vague d’inquiétude a secoué les acteurs de la protection de la nature, craignant les effets de cette douceur inhabituelle sur les batraciens. Ces petits vertébrés ont un cycle de vie complexe, qui implique des périodes de reproduction aquatique et d’hibernation terrestre, ainsi qu’un stade larvaire au cours duquel les têtards respirent à l’aide de branchies. Nos hivers très doux ne risquent-ils pas de perturber le métabolisme et la reproduction de ces animaux fragiles, dont la situation est critique à l’échelle mondiale et régionale ?
Un emballement de facteurs négatifs
Malgré la douceur inhabituelle, Thierry Kinet, responsable du suivi des populations d’amphibiens pour Natagora, se veut rassurant. « Ces variations de températures, qui peuvent entraîner des interruptions du sommeil hivernal des batraciens, sont un phénomène récurrent. Pour autant que le redoux soit de courte durée, comme ce fut le cas cet hiver, on ne constate pas de migration précoce massive. » Dans le communiqué de presse, le spécialiste n’en est pas moins inquiet pour l’état des populations de batraciens : « Le problème, c’est la multiplication et l’aggravation des anomalies météorologiques, y compris des sécheresses printanières et des gelées tardives qui peuvent perturber les batraciens. On constate un emballement des facteurs négatifs, qui affecte des populations déjà fragiles et en net déclin, même pour les espèces les plus communes ».
Une carte interactive avec près de 300 sites
Même si ses conséquences restent modérées, la douceur hivernale influence le travail des volontaires de Natagora sur le terrain. Serge Tiquet est coordinateur des sauvetages pour Natagora. Il explique : "chaque année, on se prépare à intervenir un peu plus tôt que l’année précédente, au cas où la migration débuterait plus rapidement que prévu dans l’une ou l’autre commune wallonne."
Bonne nouvelle ! Les personnes intéressées disposent désormais d’un outil optimisé pour agir efficacement près de chez eux : la carte interactive des sites de sauvetage de Natagora. Serge Tiquet : « Un gros travail a été mené pour enrichir et mettre à jour cette carte. En 5 ans, le nombre de sites répertoriés est passé de 80 à 300 environ. Le tracé a été précisé et diverses informations et fonctionnalités ont été intégrées, ainsi que tous les contacts utiles à l’échelle locale et régionale. »« Les visiteurs et visiteuses peuvent signaler de nouveaux sites ou proposer de coordonner les sauvetages sur un site qui n’est pas encore pris en charge », détaille Serge Tiquet. Et pour ceux qui souhaitent en savoir plus, toutes les activités qui gravitent autour des amphibiens sont également reprises sur la page : promenades, conférences, aménagement et entretien de sites, etc.
Quand et comment agir?
Pour les sauvetages de batraciens, la météo reste maître du jeu. Selon Thierry Kinet, « les conditions qui déclenchent la migration sont un cocktail d’humidité et de douceur, avec des températures nocturnes positives, combinées à l’allongement de la durée du jour ». La recommandation principale est donc de suivre attentivement l’évolution des conditions météo.
Le spécialiste lance aussi un appel aux automobilistes. « Par les soirées douces et humides, il est recommandé de lever le pied et redoubler d’attention aux abords des sites de reproduction et des zones humides », insiste Thierry Kinet.Que ce soit pour secourir, s’informer ou simplement profiter de la nature près de chez soi, une seule adresse : www.natagora.be/batraciens.
Source: CP. Photo: Karl Gillebert