Il est reconnaissable entre mille avec son pelage rugueux brun gris, sa grosse tête et ses petits yeux foncés. On vous parle du sanglier, il a toujours été présent chez nous, mais les populations prolifèrent, ce qui peut avoir de nombreuses conséquences dans les champs et chez les particuliers.
En 25 ans, le nombre de sangliers chassés par an est passé de 10 000 à 30 000. Une prolifération qui a pour conséquence que l’animal va au-delà de son habitat naturel, colonise les champs et s’aventure même dans les villes, provoquant de nombreux dégâts.
On a vu ça à Gilly, Rancart, Lodelinsart ou encore Marchienne-au-Pont. Les sangliers sont là dans nos rues, dans les jardins. On a eu le cas l’an passé d’un sanglier qui s’est retrouvé sur la chaussée de Bruxelles à Lodelinsart donc ça nous touche de plus en plus, constate Tanguy Luambua, conseiller communal à Charleroi.
Il y a plusieurs facteurs, mais le principal, c’est le changement climatique.
Il y a aussi un changement dans les habitudes agricoles avec des cultures de maïs, mais aussi, localement, des excès de nourrissage dans les bois qui, là, favorisent la survie et une reproduction plus élevée, rapporte Eric Declercq, du département Nature et Forêts et chef de cantonnement de Thuin.
Un matin, au réveil, cet habitant de Loverval a eu l’agréable surprise de voir son jardin retourné par des sangliers.
« Ça fait un choc quand on voit ça la première fois, toute ma belle pelouse est foutue d’un coup sec, confie-t-il.
Ce Lovervalois n’est évidemment pas le seul dans ce cas. Ce champ situé à Thuillies en a justement fait les frais la nuit passée. « Le sanglier est très friand du ver de terre, c’est la raison de ces dégâts », explique Jean-Denis L’oiseau, l’administrateur du conseil cynégétique de la Thudinie.
Le conseil cynégétique de la Thudinie assure la gestion d’un territoire de presque 60 000 hectares et a pour objectif de chasser 500 sangliers par an.
Même si la chasse est ouverte du 1er octobre au 31 décembre, le cahier des charges des biens publics nous (les chasseurs, NDLR) impose un nombre maximum de journées de chasse. On ne peut simplement pas chasser le weekend et les jours fériés. Ça pose des problèmes pour chasser en semaine, pour trouver des traqueurs afin de pouvoir réaliser ce quota de sangliers.
Lorsque des dégâts sont constatés en agriculture, les chasseurs ont la responsabilité d’indemniser les agriculteurs. Mais intervenir en milieu urbain est loin d’être aussi facile qu’au milieu d’un champ ou d’un bois.
Éviter de jeter ses déchets organiques au fond du jardin et clôturer la propriété font partie des solutions, mais le problème est d’une plus grande ampleur.
C’est un problème qui touche toute l’Europe occidentale donc il ne suffira pas que la Wallonie agisse, il faut que nos voisins agissent aussi pour réduire toutes les populations », prévient Eric Declercq.
Après la conquête des plaines, le sanglier est à la conquête de la ville. Mais qui est vraiment le responsable ? Réguler la présence du sanglier fera partie des nombreux travaux du gouvernement wallon.