Depuis 2005, le troisième lundi du mois de janvier a été décrété jour le plus déprimant de l'année, une formule géniale mais tellement farfelue.
Ce n’est pas dans mes habitudes du matin, mais ce lundi 20 janvier, je ne sais pas pourquoi j’ai éprouvé un étrange besoin d’aller consulter mon horoscope. Et ouf ! Tous les voyants sont au vert. 4 étoiles sur 5 à tous les étages. J’ai même eu droit à : « vous voyez la vie avec plus d’optimisme. » et « Cette agréable ambiance vous rendra particulièrement de bonne humeur. »
Me voilà donc sauvée, j’échapperai peut-être au blue monday, même si j’avoue que je trouve l’horoscope aussi fiable que la formule scientifique qui a défini ce troisième lundi comme le plus déprimant de l’année.
La formule, la voici :
Et elle mérite une petite explication : la météo (W), plus les dettes contractées en période de fête (D), moins la capacité de remboursement (d); le tout multiplié par le temps écoulé depuis Noël (T) exposant le temps écoulé depuis nos bonnes résolutions (Q); l’ensemble divisé par le manque de motivation (M) et nos besoin d’action (Na). Et vous obtenez parait-il un jour déprimant. Depuis 2005, il s’agit du troisième lundi du mois de janvier. Donc, aujourd’hui !
Chez nous, on pourrait peut-être y ajouter le départ de personnalités influentes place de la Digue, les nouvelles taxes communales annoncées par Thomas Parmentier et le nombre de jour sans pluie et sans affaires. Mais bon, moi je ne suis pas scientifique à Cardiff.
Car c’est bien là qu’a été élaborée, ladite formule, par un certain Dr Cliff Arnall, psychologue devenu tuteur au Centre for Lifelong Learning (centre d’étude de la longévité) attaché à l'université de Cardiff. Mais soyons sérieux 5 minutes puisque de l’aveu même de son auteur, cette pseudo équation n’est qu’une vaste supercherie. Il s’agit en fait d’un coup publicitaire, organisé par une compagnie aérienne. D’ailleurs ironie de l’histoire c’est le même « scientifique » qui a déterminé le jour le plus heureux de l’année...
En ce jour déprimant, j’aurais plutôt tendance à me fier aux chiffres, et en la matière nous serions quand même les rois de la déprime. Notre pays est le 5ème au rang européen en matière de suicide. Chaque jour , 6 personnes se suicident en Belgique, dont 76 à Charleroi en 2016. Un chiffre qui fait de notre métropole, une exception dans le domaine.
Notre pays se situe derrière la Lituanie, la Lettonie, la Slovénie et la Hongrie où il y a sans doute de bonnes raisons de passer à l’acte.
Mais pouvons-nous faire un lien de cause à effet, entre des jours déprimants et le suicide. Pourquoi pas après tout ? Bien peu scientifique tout ça, mais ce jour décrété par les amateurs de smog comme déprimant, l’est encore plus sur les réseaux sociaux. Tantôt l’internaute y justifie ce troisième lundi du mois ou vous propose de prendre le contrepied, mais au final tout le monde finit par s’invectiver. Pas étonnant du coup que les moins motivés finissent par choisir un monde que l’on dit meilleur et en tout cas vu d’ici moins déprimant.
Pensez-y le 10 septembre, pour soutenir, la journée mondiale du suicide et les associations qui s’évertuent à lutter contre ce fléau chez les plus jeunes.
En attendant, au risque de vous déprimer encore plus, sachez que vous avez toujours le choix de tirer la tronche ou de sourire. De rendre ce jour déprimant ou de l’égayer par votre bonne humeur et votre humour irrésistible. De rencontrer des amis plutôt que de compenser la déprime par un achat compulsif (il y a même une page facebook pour ça !). Et puis si ça ne va vraiment pas, écoutez la sagesse Maori qui dit : « Tourne toi vers le soleil et l’ombre sera derrière toi ».