Infrabel a présenté lundi à Bruxelles deux nouveaux dispositifs destinés à rendre les chantiers ferroviaires plus sûrs, six ans après l'accident de train qui avait coûté la vie à deux de ses travailleurs à Morlanwelz. Ces systèmes, baptisés Infralert et "Mobile Balise Stop", constituent deux primeurs, l'une mondiale et l'autre européenne.
Infralert permet de détecter les trains ou wagons décrochés grâce à un capteur aimanté placé sur les rails, à une distance d'au moins 600 mètres avant une zone de travaux. Les vibrations provoquées par le véhicule sur les voies activent alors une alerte sur un bracelet connecté dont chaque travailleur du chantier est équipé. "Cela donne le temps nécessaire - au moins 30 secondes - au personnel pour se mettre à l'abri", a expliqué Leslie Steen, chef du projet Safer-W chez Infrabel, lors d'une démonstration au centre logistique de Petite-Île.
Conçu par l'entreprise anversoise spécialisée Rombit, Infralert sera déployé dès le mois d'avril. Amovible, le dispositif fonctionne en outre indépendamment de la signalisation existante.
Le système MBS fonctionne également à l'aide de "balises, qui isolent une zone. Lorsqu'un train pénètre dans cette zone, il est bloqué" puisqu'un freinage d'urgence s'opère, expose le CEO d'Infrabel Benoît Gilson. Ces balises mobiles sont activées et désactivées par liaison radio et placées à une distance qui dépend de celle nécessaire au freinage des trains. Installé à partir du mois de mai, le dispositif sera compatible avec tous les types de train à la fin de l'année 2025.
Ces outils ont été élaborés en réaction à l'accident mortel sur un chantier à Morlanwelz, dans le Hainaut, six ans auparavant. Le 27 novembre 2017 en soirée, deux ouvriers d'Infrabel avaient été tués et deux autres grièvement blessés alors qu'ils réparaient l'infrastructure ferroviaire endommagée en matinée par la collision entre une voiture fauchée et un train sur un passage à niveau.
L'équipe d'Infrabel devait alors remplacer quelques mètres de rails et évacuer le train endommagé. Lors de la manœuvre de remorquage, les trois derniers wagons du train accidenté s'étaient détachés des trois premiers, le système d'attelage entre les deux motrices du train accidenté ayant cédé. Les wagons, emportés par la pente, étaient revenus vers Morlanwelz, tous feux éteints. Ils avaient happé le groupe d'ouvriers qui travaillaient sur les voies près du passage à niveau. Le convoi avait ensuite continué sa route sur 10 kilomètres et avait heurté un train de passagers à Bracquenies, faisant cinq blessés supplémentaires.
"Après cet accident, on s'est rendu compte qu'il n'existait pas de système de protection automatique du personnel en Europe et on a donc dû en développer nous-mêmes. Nous avons dû tout inventer", a encore relevé M. Gilson. "Chaque jour, des centaines de collaborateurs travaillent sur les voies. Nous travaillons donc en permanence pour améliorer la sécurité."
De nouveaux projets sont d'ores et déjà en cours de développement. D'ici 2026, un nouveau système permettra à chaque travailleur d'Infrabel de vérifier, à l'aide d'une tablette, qu'il se trouve bien dans une zone de chantier protégée. En cliquant sur le plan affiché à l'écran, il pourra indiquer sa position et le dispositif de sécurité sera adapté en conséquence, illustre Leslie Steen. "Si un train arrive, il sera en outre alerté. Grâce à un seul outil, nous aurons donc plusieurs solutions", conclut le chef de projet.
Source: Belga