C'est décidé, l'examen d'entrée en médecine prévu le 3 juillet a été annulé, les étudiants sont furax ! Océane Bohen, une jeune hamoise, nous a interpellés. Elle fait partie de ces jeunes dont le rêve est de devenir médecin, elle ne comprend plus la raison d'être de cet examen à l'heure où la pandémie liée au Coronavirus a mis en évidence le manque flagrant de moyens humains dans les soins de santé.
« Aujourd’hui pour être médecin en Belgique, il faut passer par le parcours du combattant. Nous entamons ces études, pourtant réputées longues et difficiles, sans promesse de pouvoir un jour toucher ce rêve du bout des doigts. Et cela commence dès le début avec l’instauration, il y a trois ans, d’un examen d’entrée. Cet examen dont on dénombre seulement 18% de réussite. » ce sont les premières lignes du message d’une jeune universitaire Alice Collart, posté sur Facebook à l’intention de Maggie De Block et qui a fait réagir Océane Bohen.
Un rêve d'enfance
Océane habite Ham-sur-Heure-Nalinnes, elle a mis toutes les chances de son côté pour réaliser un rêve d’enfance, devenir médecin dermatologue ou gynécologue, elle a encore le temps d’en décider. Mais pour l’instant, ce qui la préoccupe, c’est ce foutu examen d’entrée. Prévu pour le 3 juillet, il est une nouvelle fois annulé, alors qu’au même moment, on annonce le maintien des examens dans le supérieur.
« Personnellement, je suis contre le maintien de l’examen d’entrée, les médecins qui font face au Covid-19 aujourd’hui n’ont pas passé cet examen et il ne me semble pas qu’il y ait eu des problèmes dans le passé avec ces médecins là. Nous n’avons jamais eu trop de médecins en Belgique. Et ici, ça va encore poser plus de problèmes puisque le taux de réussite de l’examen n’est que de 20%. Les médecins actuels sont déjà en pénurie, à l’avenir, la situation sera encore pire, il y aura encore 5 fois moins de médecins et quand on s’en rendra compte, il sera trop tard. »
Le parcours du combattant
Les études de médecine sont loin d’être anodines, pour y arriver, il faut être motivé, bien s’y préparer et ensuite tenir sur la longueur. Océane a suivi le parcours classique pour y arriver. En humanité elle prend l’option Science, et pour corser le tout, sa dernière année est pimentée par un supplément de cours préparatoires à Namur où elle compte poursuivre ses études de médecine.
« D’habitude, ces cours se donnent en présentiel, de 8h30 à 15h30, nous avons trois cours qui varient comme physique, bio, chimie. Nous avons aussi des cours comme empathie et éthique, des choses que nous ne pouvons pas étudier en rhétos. C’est une autre difficulté de cette épreuve. Ce sont des choses qui se réussissent au talent. Pour l’instant, les cours sont annulés, mais il n’y a rien à faire, le virtuel ce n’est pas aussi facile que le présentiel, et du fait que nous n’allons plus à l’école, il y a une bonne partie de la matière que nous n’avons pas vu. C’est une pénalité supplémentaire. »
Si Océane fait partie des heureux 18% qui réussissent l’examen d’entrée, elle pourra intégrer les cours mais sans doute pas avant la mi-octobre, date à laquelle les examens de seconde session ont généralement lieu, et date à laquelle pourrait être reporté l’examen d’entrée. Mais rien n’est sûr. Et même dans ces conditions, elle aura déjà accusé un sérieux retard dans le cursus de première année de médecine.
« ce ne sont pas des études anodines, je ne comprends pas pourquoi on ne nous laisse pas tenter notre chance. Le blocus de janvier pourrait déjà être éliminatoire. »
Un report qui n'est pas sans conséquences
Les conséquences de la décision de supprimer l’examen d’entrée en médecine sont nombreuses, sans compter l’aspect financier de ceux qui se sont déjà investis dans des cours préparatoires et autres… Pour la plupart de ces étudiants, comme le souligne Alice Collart, leurs choix de prendre part à cet examen d’entrée ne date pas d’hier. Aujourd’hui, ils sont lourdement pénalisés.
Ils sont 400 au cours préparatoire à Namur avec Océane et généralement 4000 à vouloir présenter l’examen d’entrée chaque année. Alors réunir ces étudiants aujourd’hui serait un non sens, mais
"en 2020 et avec les nombreux outils virtuels dont nous disposons, il est difficile de croire qu’aucune solution ne peut être trouvée d’ici mi-octobre…"
Si Océane est dans le flou par rapport à ses futures études, sans avoir réfléchi vraiment à un plan B, elle voudrait être la porte-parole des étudiants qui sont comme elle démunis. Elle trouve les reports successifs d’examens ridicules et en appelle au bon sens. Son homologue Alice Collart est plus sévère encore :
« La Belgique démontre encore une fois un manque de bienveillance criant envers les étudiants en soins de santé. Ne vous plaignez pas d’être en sous-effectifs lorsque vous ne faites rien pour attirer des étudiants dans vos rangs. »
Madame la ministre, je suis fatiguée. Fatiguée par l’hypocrisie dont vous semblez tant être prise. Aujourd’hui, en...
Posted by Alice Collart on Tuesday, April 7, 2020