Suite aux manifestations agricoles de 2024, l’Europe avait annoncé une série de mesures censées alléger la charge administrative des agriculteurs, et maintenir les objectifs environnementaux de la Politique Agricole Commune (PAC). Pour Natagora, le message n’est pas passé en Wallonie.
En mai dernier, l'Union européenne revoyait sa Politique Agricole Commune, suite aux manifestations des agriculteurs en Belgique et ailleurs. La Commission européenne, a rappelé à de nombreuses reprises à l'occasion de cette simplification administrative qu'il ne fallait pas réduire les ambitions environnementales et climatiques de la PAC actuelle pour autant.
Suite à cette décision, la Wallonie était invitée, elle aussi, à adapter son Plan stratégique PAC, et à soumettre sa proposition à la Commission européenne. Les négociations sont en cours.
Et il semblerait que la révision de la PAC wallonne ne se traduit pas par un renfort des mesures volontaires en faveur de l’environnement. Le budget total des mesures en faveur de l’environnement et de l’agriculture biologique est amputé, les cibles de certaines mesures environnementales sont revues à la baisse et leurs cahiers des charges sont amoindris.
Certaines primes aux agriculteurs sont même significativement réduites, avec le risque évident de perdre l’adhésion des agriculteurs qui appliquent ce type de mesures.
Gaëtan Seny, responsable Politique Agriculture chez Natagora, a réagi : “Nous soutenons pleinement la revendication des agriculteurs qui veulent que leur charge administrative soit allégée. Mais ce qui se passe ici est un très mauvais signal pour tous les agriculteurs qui s’engagent dans des actions en faveur de l’environnement : ils ont besoin de primes pérennes à la hauteur de leurs efforts pour adapter leurs façons de travailler. Les politiques wallonnes doivent augmenter le soutien à ceux qui s’engagent dans la transition agroécologique. Sinon, on risque de les perdre pour de bon.”
Une simplification administrative au détriment de la transition agroécologique
Lors du processus d’élaboration des amendements PAC, la Région wallonne est tenue d’associer la société civile, au travers notamment d'un Comité de suivi.
Selon Natagora, les organisations agricoles, sont largement associées aux travaux préparatoires tandis que le secteur environnemental dont la participation se limite à une réunion du Comité de suivi est consulté ‘pour la forme’ en fin de parcours.
“Force est de constater que nous sommes tenus à l’écart et que nos avis ne sont pas pris en compte. Pourtant, la grande majorité des amendements discutés visent l’architecture verte de la PAC. Elle correspond au besoin légitime de s'assurer que l'exploitation agricole ne nuise pas au bien commun. Nous avons déjà interpellé la Ministre de l’Agriculture et de la Nature sur ce dysfonctionnement. Il est grand temps que cela change et que l’environnement et la santé aient véritablement droit au chapitre.”